Wilfrid Almendra, John Armleder, Clairet & Jugnet, Aurélien Froment, Mathieu Mercier, Olivier Mosset, Morgane Tschiember et Chantal Akerman, Dominique Gonzalez-Foerster, Ange Leccia
Zones arides
«Zones arides» est né du désir d’un artiste globe-trotter, Olivier Mosset, de faire partager sa passion pour cette contrée mythique qu’est l’Arizona. Zones Arides réunit une dizaine d’artistes, résidents ou simples passagers pour former une scène transatlantique éphémère : Wilfrid Almendra, John Armleder, Clairet & Jugnet, Aurélien Froment, Mathieu Mercier, Olivier Mosset, Morgane Tschiember ainsi que Chantal Akerman, Dominique Gonzalez-Foerster Ange Leccia. Ils tentent de redessiner, via toutes pratiques autorisées (documentaire, peinture, sculpture monumentale, vidéo, etc.), le profil de cette zone aride, d’en revisiter la silhouette.
Les deux volets de «Zones arides» à la Fondation d’entreprise Ricard à Paris et au lieu unique à Nantes constituent deux occurrences d’un même projet : tentative de re-création d’un paysage fragmenté en ses multiples interprétations, tentative d’importation d’un bout de territoire américain en sol français. En 2007, l’exposition se déplacera à Tucson au Museum of Contemporary Art (MOCA).
A l’inverse de sa réalité physique – à 80% désertique –, l’Arizona est peuplé d’innombrables mythologies qui en font une destination culte pour de nombreux voyageurs américains et européens. Jadis théâtre grandiloquent d’une épopée fondatrice, il sert aujourd’hui de décor à une représentation fantasmée.
Hollywood, la grande machine fictionnelle, a largement contribué à en établir la légende, même si depuis les années 60, le rêve américain, incarné par les chevauchées conquérantes d’un John Ford, a largement été revisité à l’aune de leurs conséquences tragiques : populations indigènes ravagées, frontières hermétiques et lents grignotages du désert par une urbanisation proliférante. Au-delà d’une puissance de préemption indéniable exercée par le cinéma, on connaît la capacité des artistes à s’emparer de l’imaginaire de l’Ouest: ainsi des photographes américains du début du siècle nous ont transmis leur version magnifiée de l’Amérique travailleuse. Il en est de même de la longue histoire d’amour entre le désert et les land artists et de leurs investigations en tous genres. La peinture n’est pas en reste puisqu’elle s’est largement abreuvée aux «sources de l’aridité» pour y tenter la collusion entre aridité géographique et radicalité picturale.
Dans le prolongement de cette réévaluation permanente, «Zones arides» tente de dresser une nouvelle carte des territoires mythologiques : la route et son pendant mécanique – la voiture –, symboles de l’american way of life et du déplacement perpétuel, mais aussi la frontière, les Indiens, les cactus. Dans ce catalogue de «super stéréotypes» naturellement associés à l’Arizona, les artistes de «Zones arides» ont puisé la matière à réactiver le mythe, chacun agissant à sa manière selon son medium privilégié : peinture, sculpture monumentale, installation, vidéo.
critique
Zones Arides