Yves-Eric 2boy
Yves-Eric 2boy
On serait tenté de ne porter qu’un regard diverti sur l’univers si immédiatement familier d’Yves-Eric 2boy. Son environnement formel fait corps avec une signalétique parfaitement reconnaissable. Ses emprunts lointains à la trame narrative du storyboard, le systématisme linéaire du panneau publicitaire, tout comme une relative complaisance à jouer de l’environnement bidimensionnel orthonormé du jeu vidéo, invitent à une lecture rapide.
Son travail cherche cependant à équilibrer la menace de mondes toujours susceptibles de prendre le pas l’un sur l’autre: le stable et le mouvant, le dur et le mou, le solide et le liquide. Comme happés, nous participons instantanément d’un univers homogène, silencieux, quasi aquatique. Sa plasticité tient du rendu numérique autant que de la physicalité de l’art des façades — wall painting, street art.
Yves-Eric 2boy met en place un système simple, un système binaire favorisant la sérialisation: fonds aux couleurs froides, bleus, gris, parfois verts. Au milieu de cet univers, une entité biomorphique rose, passive et molle, apparaît sous la forme d’une goutte. Tout se passe comme si le système 2boy démultipliait les possibilités narratives des accidents auxquels cette goutte pourrait être confrontée.
La simplicité, la fraîcheur, cette spontanéité qui n’en est pas une, nous arrête sur l’écran «bubbellisé» de sa peinture. La jubilation du peintre est contrôlée; et, la densité de l’image acquise, l’énergie visuelle reste contenue. C’est peut-être cette cohérence qui nous amène au partage, qui nous fait croire à l’ouverture d’un monde possible.
critique
Yves-Eric 2boy