Yves Bélorgey
Yves Bélorgey
Pour sa troisième exposition à la galerie Xippas, Yves Bélorgey présente un ensemble de tableaux et dessins (une série en cours intitulée les dessins de Kyoto) réalisés au cours de l’année 2009 à l’issue d’une résidence à la Villa Kujoyama, au Japon.
Depuis une quinzaine d’années, les représentations de paysages urbains d’Yves Bélorgey portent un regard critique sur les édifices de l’architecture moderne des années 60. Il les représente dans une frontalité brutale et exhibe l’organisation sociale qui conditionne le système urbain des banlieues. Bélorgey aborde l’architecture collective sur le mode documentaire, selon toutes leurs potentialités comme autant de cas particuliers et les désigne à la fois comme les lieux de formation du «corps social», et comme un inventaire de formes dont la présence «corpulente» à la surface d’une toile renvoie certainement aux enjeux historiques de la peinture moderne.
L’exposition ne se limite pas à son seul travail au Japon, puisqu’elle présente également des immeubles et paysages urbains récents de la banlieue parisienne, afin de dépasser les critères géographiques, nationaux ou esthétiques, et laisser résonner cette impression japonaise après elle, comme les harmoniques d’un instrument de musique. Les tableaux posent à nouveau ici la question de la modernité et plus particulièrement son rapport aux traditions, dans un pays où les architectures les plus fonctionnalistes intègrent des éléments formels vernaculaires parfois surprenants.
Bélorgey a été attentif également aux enjeux de l’espace et de la surface. Le concept d’espace délimité n’existe pas au Japon, à la différence de l’Europe. L’espace japonais change en fonction des points de vue que perçoit l’homme statique. C’est un espace temporel. Les enjeux de la peinture de Bélorgey ont été de clarifier et prolonger dans sa peinture son rapport à l’histoire de l’architecture, et simultanément son rapport au paysage. Cela l’a conduit à élargir les points de vue sur les masses architecturales en intégrant dans l’espace du tableau des éléments d’environnement immédiat, posant avec plus de précision la question de la représentation, de la matière, et des rythmes dans la peinture.
À l’occasion de cette exposition personnelle, Yves Bélorgey invite Atsushi Nishijima rencontré lors de son séjour à Kyoto. Si cette proposition peut symboliser la force des amitiés en art et entre artistes, Yves Bélorgey invite un artiste sonore, comme un indice d’un rapport à l’altérité représentée dans l’éloignement du Japon, qu’il soit culturel ou géographique, et la différence de médium. Atsushi Nishijima appréhende le son comme le moyen permettant d’approcher les phénomènes invisibles. Dans un savant équilibre entre humour et pédagogie, les étranges objets sonores d’Atsushi Nishijima cherchent à valoriser la pensée traditionnelle japonaise. Une pensée du temps particulière où le ralentissement voire la destruction sont sources de création.
Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par Nicolas Villodre sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.
critique
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