Avec PlayBach + Eddies, le chorégraphe Yuval Pick reprend conjointement deux de ses pièces. À savoir PlayBach (2010) et Eddies (2015). Pour un spectacle tout public, accessible dès huit ans. Ludique, comme son nom l’indique PlayBach plonge dans l’œuvre musicale du compositeur Johann Sebastian Bach. Un peu comme avec Ludwig van Beethoven, l’amour et la curiosité pour ces grandes figures ne faiblissent pas. Sur les sites de partage de vidéos, il y a même quantité de pièces qui leur sont attribuées, à tort. Le tout accompagné de commentaires élogieux. Donc loin de rebuter : les grands compositeurs classiques fascinent. Mais leur travail n’est pas toujours aussi connu que leur nom. Qu’à cela ne tienne : avec PlayBach, Yuval Pick bat le fer tant qu’il est chaud. Et sur scène, trois danseurs — Julie Charbonnier ou Madoka Kobayashi ; Adrien Martins ; Guillaume Forestier — font ainsi pulser les classiques de Johann Sebastian Bach.
PlayBach + Eddies : le chorégraphe Yuval Pick remixe Jean-Sébastien Bach
La playlist composée par Yuval Pick court d’un concerto pour harpe (BWV 1055) à une cantate (BWV 80). Elle rebondit de préludes, en fugues, en oratorios… À l’aune de danseurs qui, avec leur iPod, zappent d’une musique à l’autre. Blasphème ? Plutôt recréation et actualisation. En temps réel, les interprètes composent ainsi leur univers sonore. Une manière ludique de goûter à l’ensemble des saveurs du compositeur baroque Jean-Sébastien Bach. Quitte, même pour les plus fin connoisseurs, à s’en trouver surpris. Tandis que la partition chorégraphique composée par Yuval Pick s’articule autour de la notion de poids. Scène dépouillée, simplement délimitée d’un contour carré, PlayBach enchaîne soli, duos, trios. Comme autant de courtes séquences mettant en jeu le rapport à l’autre. Les corps se portent, se répondent, se mettent à l’épreuve… Sur une musique tout en rapports et harmoniques ; une musique qui virevolte et emplit l’espace.
Des dispositifs simplifiés pour une danse sensible au rapport mouvement / musique
Avec PlayBach, Yuval Pick donne presque à voir les rapports entre les notes. De l’amitié à la solidarité en passant par quelques confrontations et contrepoints. Directeur depuis 2011 du Centre Chorégraphique National de Rillieux-la-Pape, Yuval Pick cultive une danse attentive aux dynamiques d’ensemble. Tout en valorisant une simplicité proche du dénuement. Pas de décors flamboyants, pas de costumes éclatants, des éclairages simples… L’accent est placé sur le mouvement, la musique et leurs articulations communes. Dans la courte pièce Eddies (2015), c’est ainsi la rencontre avec le compositeur Samuel Sighicelli qui fait la chair du spectacle. Pièce pour quatre danseurs — Julie Charbonnier ; Madoka Kobayashi ; Adrien Martins ; Thibault Desaules —, Eddies explore la nature ondulatoire du son. Les corps vibrent, ondulent, se propagent sur scène, comme la musique. Le tout, PlayBach + Eddies, livrant ainsi une plongée douce dans la danse contemporaine, entre abstraction et sensibilité.