Youssef Nabil
Youssef Nabil
Depuis les années 1990, Youssef Nabil construit une œuvre singulière dont la démarche n’a jamais varié. Qu’il photographie ses amis, comme à ses débuts, des stars ou encore lui-même, il met tout d’abord en scène son sujet avec un travail très précis sur la pose et colorise ensuite, à la main, le tirage noir et blanc. Ses modèles ont ainsi toujours cet air glamour suranné qui n’est pas sans rappeler l’atmosphère des films classiques égyptiens.
Pour cette première rétrospective, Youssef Nabil a sélectionné environ 60 tirages: gros plan épuré sur les visages de Catherine Deneuve et de Marina Abramovic, mise en scène de modèles égyptiens dans des poses cinématographiques, présentation chorale de pêcheurs yéménites anonymes, instantanés de l’artiste face à l’écoulement du temps…
Chaque image de soi ou de l’autre met l’accent sur ce qu’il y a d’unique en chacun. Il s’agit toujours de tenter d’immortaliser un être confronté à la précarité de l’existence et à la dissolution de l’identité dans les incessants voyages du moi.
Alexandrie, Florence, Istanbul, New York, Paris: Youssef Nabil se photographie et photographie les être qui l’entourent. Se dessine alors en creux, dans l’exposition, l’irruption intermittente de sa biographie et de son exil volontaire d’Egypte, mère patrie qui tantôt lui donne naissance, tantôt lui apporte une rédemption sous le visage d’une Fanny Ardant transformée en Pietà ou qui, à travers les photographies de jeunes modèles égyptiens, apparaît en jeune femme fertile dont la lumière brille à perpétuité.
A la faveur d’un travail de coloriste à mi-chemin entre photographie et peinture, Youssef Nabil fait émerger une réalité imaginaire qui reflète les paradoxes du Moyen-Orient actuel tout en réveillant les fantasmes flamboyants de l’âge d’or du cinéma égyptien.