Cameron Platter
You
«What can you see? What? No! No! No! You? Ha! Ha! You die! You die! You lose your mind! And it doesn’t matter what happened to you.»
Pastor Chris Oyakhilome (PhD)
Cameron Platter emplit l’ordinaire et le marginal par des connotations incendiaires issues à la fois de documents, de commentaires, ou bien d’allégories soulignant l’exploration de la réalité à travers le concept, la satire et la sous-culture. En jouant de l’interaction avec des sujets et des sources transitoires considérées comme déviants, sordides ou régressifs, il reconnecte des notions et des concepts flirtant avec la limite de la culture populaire.
Cette vision de Cameron Platter, violente, sardonique, et critique, est exposée à travers la publicité, la mort, l’image du Poulet, la poésie, le chaos, le truchement, l’activisme, la protestation, l’évangélisme lucratif, les toilettes portables, la pratique des slogans politiques, «l’enlargement» ou agrandissement, les fausses promesses, les zombies, les désastres de la guerre, le chômage, la destitution, l’amour et le pardon éternel, la dette, le crédit, l’argent, l’argent, l’argent, les petites annonces de sexe, Life Solutions International, les travestis, les godemichés, les buttplugs, la pornographie, l’intimité, la dissimulation, les sessions de guérison miracle, les tabloïds, le pouvoir de la pensée, la nuit des destinés, la métaphysique, le crime, les arcs-en-ciel, les séquences de rêve psychédélique, la transcendance, les dauphins, les colombes, l’ecstasy, le pénis, les manifestes visionnaires, les systèmes de pensée alternatif, les anti-héros, les 6ème et 7ème dimensions, True Ass confessions, le contrôle de la pensée, le purgatoire, les cannibales et les guides d’auto-assistance.
Les dessins ici présentés font partis d’une série à grande échelle de 100 dessins dont la production est projetée sur dix ans; Everyday Apocalypse Pictures, en référence aux tapisseries «mural nomade» du Corbusier, considérées comme des stèles couvertes de hiéroglyphes d’aujourd’hui. Ces dessins sont une série de pensées interconnectées capturant les instants les plus fugaces comme les plus débordants liés pour former une méta-narration.
Ces sujets, apparemment aussi divergeant qu’irrévérencieux, sont une succession de déclarations bruyantes, extravagantes, surdimensionnées, criantes de couleurs. Ces pièces, faites mains, sont intensément confectionnées pour créer un pictogramme sombre de notre époque actuelle et de la vision d’un avenir agité et perturbé.
Le seul assemblage de sculpture de grande dimension est une «cannibalisation» de toilette portable, un «back room» claustrophobe et un restaurant fast-food. Une réflexion sur les excréments, le trash, le sexe, la violence, la nourriture, l’emprisonnement, la politique et la rédemption, le tout représenté dans un objet d’extérieur dystopique fait main. A la fois de mauvaise augure et empli d’humour, la sculpture hésite entre le non-sens et le sérieux comme un poème transgressif de protestation.
Les sculptures qui l’accompagnent, taillées dans le bois, sont issues du quotidien. Chaque œuvre est une reproduction imparfaite d’un objet existant, comme ce pneu usé abandonné, ces chaises dont la forme rappelle celles en plastique des grandes surfaces, ou encore une palette trouvée sur un tas d’ordures. Ces travaux sont une célébration de la conception de la vie, à la fois esthétique et cérébrale, un hommage au banal dans son unicité et sa variablité.
The Power of Thoughts est un montage vidéo d’une conversation absurde entre Cameron Platter et le Pasteur Chris Oyakhilome, un télé-évangéliste nigérien, guérisseur de foi et fondateur de Believers’ Love World Incorporated. Produit avec la signature crue de Cameron Platter, filmé avec des moyens minimalistes, il porte un regard empathique sur cet anti-héros le laissant manifestement parler à sa place: «The extent of your vision is whether you can see it.»
Une édition limitée du livre d’artiste, Fucking Hell, débutera également pour cet événement. Conçu et dirigé par Cameron Platter, ce livre est le document de référence pour la compréhension de son travail.
L’exposition, incarnant un style de vie et de penser philosophique, est une méditation sur le détritus, le consumérisme et la moralité, résumée dans une carte mentale examinant les excès de nos sociétés contemporaines. Optimiste, cynique et bizarre, Cameron Platter délivre un effort sincère d’exploration sur une modernité confuse et problématique. Dans une position hautement personnelle, à la fois conceptuelle et géographique, Cameron Platter, avec sa méthode obsessive et son approche non conformiste, nous délivre une proclamation singulière, lorsque ses pièces sont montrées dans un même espace.