Bernard Bazile, Simona Denicolai & Ivo Provoost, Vaast Colson, François Curlet, Jos de Gruyter & Harald Thys, Jeremy Deller & Alan Kane, Francesco Finizio, Richard Hughes, John Knight, Ahmet Ogut, Sener Ozmen & Erkan Özgen, Julien Prévieux, Michael Rakowitz, Santiago Sierra, Javier Téllez, Carey Young
Yes, We Don’t
Commissaires
— Joël Benzakin, commissaire indépendant basé à Bruxelles
— Nathalie Ergino, directrice de l’Institut d’art contemporain
«Yes, we don’t» est une affirmation paradoxale, celle d’un Non suspendu qui assume ouvertement son absence d’illusion et de destination. Il ne s’agit pas ici de la résistance d’un Bartleby qui, avec sa phrase restée célèbre, «I would prefer not to», neutralisait la réalité pour en dérégler les normes. «Yes, we don’t» serait plutôt la formule d’une attitude ludique, transgressive, parfois aux lisières de l’absurde, le slogan d’une posture où la suspension s’affirme avant de décider de ses possibles destinations et de mesurer l’ampleur de sa réception…
«Yes, we don’t» s’énonce dans une période sans précédent: multi-polaire, virtuelle et mondialisée, marquée par l’accélération, sans limites et sans repères, des données aussi bien médiatiques qu’économiques, scientifiques et culturelles.
Ainsi, la perception que nous avons du temps s’est disloquée, précipitée, tendue. Le temps n’est plus une notion homogène, il se morcelle dans les rapports complexes que nous entretenons avec le réel.
Comment interagir avec son époque? Est-ce encore possible? Quels sont les moyens, sinon de perturber, de noyauter le présent? Peut-on encore parler de territoires qui ne soient ni ceux des particularismes, ni l’espace abstrait de la globalisation, ni ceux de l’adhésion générale au politiquement correct?
Les artistes réunis dans cette exposition, articulée autour des œuvres de Bernard Bazile et Simona Denicolai & Ivo Provoost, tentent d’infiltrer des systèmes, d’intégrer des zones d’actions temporaires et d’infléchir le processus de certaines réalités. Il s’agit moins, aujourd’hui, de dénoncer ou de documenter, que de pointer l’espace critique et d’y organiser les apparitions de multiples formes d’insoumission.
La «chose publique» (pouvoir politique et économique, espace de la rue et de la vie quotidienne, réseau de la toile et media) est alors matière à transformations, ingestions, détournements, transcodages, micro-actions individuelles et collectives… Plus que support d’engagement crédule, le langage y opère comme un outil transversal au service du non-sens et d’une ambivalence assumée.
Avec énergie et ironie mêlées, ces artistes élaborent de subtiles stratégies, par lesquelles ils affirment (Yes) une certaine négativité (we don’t) et manifestent leur subversion, maintenant, vite !
critique
Yes, We Don’t