L’exposition « Stone » à La BF15, à Lyon, réunit les installations de Yen Tzu Chang, Sarah del Pino et Damien Fragnon, trois artistes liés par un intérêt commun pour les pierres et l’imaginaire qu’elles génèrent.
« Stone », une exploration visuelle, tactile et sonore des pierres
Sobrement intitulée « Stone » (Pierre), l’exposition organisée dans le cadre de la biennale « Musiques en scène » propose un dialogue entre les installations de trois artistes contemporains dont l’œuvre explore la mémoire du monde minéral et l’imaginaire qui s’est développé autour de lui. Les installations de Yen Tzu Chang, Sarah del Pino et Damien Fragnon offrent une plongée dans des situations où le sensible se mêle à l’onirique et le connu à l’inconnu, dans la lignée des « État (s) limite (s) », thème de l’édition 2018 de la biennale « Musiques en scène ».
L’installation vidéo Limon de Sarah del Pino met en lumière le caractère vivant de la terre qui, plus qu’une matière inerte sous nos pieds est une matière qui vibre, bouge et chante. Pour le prouver, l’œuvre donne à voir et entendre différents types de terre en décomposition en restituant les expériences menées par Sarah del Pino : des mottes de terre déshydratée plongées dans de l’eau laissent échapper l’air emprisonné dans leurs pores de différentes façons, très sonores ou quasi silencieuses et suivant divers rythmes et tonalités, selon leur composition. Tandis que s’égrènent les sons tels des codes à déchiffrer, la dissolution des mottes libère des bulles d’oxygène qui obstruent notre champ de vision.
Yen Tzu Chang, Sarah del Pino et Damien Fragnon s’intéressent à la mémoire des pierres
L’installation sonore interactive Imprint of City de Yen Tzu Chang s’intéresse à l’empreinte de la mémoire du son en conjuguant les sens tactile et auditif. A partir d’un plan de la ville de Taipei, Yen Tzu Chang a recueilli le son de divers lieux, des sons qu’elle a ensuite liés à des pierres sous la forme de fichiers audio enregistrés. Les visiteurs sont invités à toucher ces pierres, pour ouvrir un à un ces fichiers, pour explorer les paysages sonores de la ville. En s’inscrivant dans la continuité de l’histoire humaine qui a de tout temps conservé sa mémoire dans la pierre, Yen Tzu Chan propose une réflexion sur la sonorité de la ville.
La proposition de Damien Fragnon pour l’exposition « Stone » s’inscrit dans les projets protocolaires et quasi scientifiques qu’il a l’habitude de mener. Fabricant de fausses météorites d’après d’approximatives informations de scientifiques, il les dépose ensuite à des emplacements où de vraies météorites auraient pu atterrir. Puis il invite les spectateurs à les retrouver. Ainsi dans l’exposition est installé un tableau indiquant la position des fausses météorites grâce à des photos et des coordonnées GPS et invitant le spectateur à les retrouver et à expérimenter ainsi une marche à travers un paysage, un voyage inhérent à chaque météorite. Avec cette œuvre intitulée Dans un champ de météorites, Damien Fragnon poursuit son exploration du potentiel poétique des processus vivants.