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Yeah !

29 Juin - 30 Juil 2006
Vernissage le 28 Juin 2006

Dessins en plein été, légèreté, humour, esprit caustique. Un voyage: jeune fille sous la douche, boite à rêves et à cauchemar en passant par les grands espaces américains…

Communiqué de presse

Charles Pépiot

Yeah !

Charles Pépiot nous entraîne dans un monde fort et doucement ironique, où la description caustique du soldat tout-puissant côtoie l’évocation poétique de la fragilité féminine. A l’abri de sa boite à rêves, Charles nous fait évoluer entre modernité, pouvoir et dérision, et cet imaginaire enfantin dont nous avons tant besoin, rêve, émotion, regard. D’une désinvolture apparente le trait de ses dessins explose de couleurs vives, un trait qui révèlerait presque des talents d’affichiste de la meilleur époque.

«Ma dernière rencontre ratée avec Joseph Beuys, 1984.
Mardi 7h10 – Julien P. (dont je tairai le nom par peur des représailles) m’appelle : «Joseph arrive dans les dix minutes, je lui ai donné ton adresse, il va t’aider mon p’tit père, t’en as besoin», et il raccroche net.

Que me voulait cet illuminé de Julien? (Julien était jeune artiste talentueux, mais qui trimait comme un damné). J’lui demande : «Joseph, connais pas! Et pourquoi tu lui donnes mon adresse, et pourquoi il veut me voir ce Joseph?», mais je lui pose cette question car je ne suis pas réveillé, dans un état normal je ne continue pas à parler quand le téléphone est raccroché.
Là je commence à cogiter, «Ah ouais, Joseph Beuys, Jo, j’avais oublié, merde, chui pas prêt à recevoir qui que ce soit à cette heure-ci».

On sonne à la porte. «Quoi déjà? Rapide l’asticot!». J’ai besoin de tune, déconne pas Joseph, trouve moi une Drac ou un Frac, une Fiac, ou je ne sais quoi encore qui remplisse mon compte en banque cette année, et là je t’invente un langage tous les jours, promis, juré, je t’invente même les dialectes qui vont avec, tiens, un truc venu de mars, ce sera ART OF MARS…ou encore je fais un Superm’Art’Ché (à la ville comme à la scène), génial comme concept tu ne trouves pas? ».

Il ne m’écoute plus, ça se voit que je le fatigue avec mes demandes, je me sens comme un mendiant qui réclame l‘aumône, voilà l‘artiste qui demande sa pièce, je le vois parti dans ses pensées, il regarde fixement mon chat, de la même manière qu‘il regardait les lièvres, mon chat sent l‘arnaque, se barre (c‘est l‘instinct, les chats ce n‘est pas comme les lièvres, ils détestent qu‘on leur parle de peinture, surtout quand ils sont vivants), moi je scotchais, sans les voir, les reflets chromés de ma table basse en pensant a me recoucher, tout ça était trop dur, la réalité me brisait le crâne comme une pierre sur un œuf, il fallait que j’aille dormir pour échapper a ce cauchemar,

«Eh Jo, tu m’entends? Alors quand vas tu m’introduire bordel?»… «Plaît-il?»…«Non rien Jo, je t’ai connu plus bavard, et moi plus réveillé, laisse tomber, on se voit chez Nathalie O., samedi (dont je tairai le nom par peur des représailles), va travailler, moi j’ai du sommeil à rattraper».

Ce fut ma dernière rencontre avec Joseph Beuys, je regrette de ne pas en avoir plus profité plus, mais bon c’est comme ça, on avait tous les deux les yeux pas en face des trous, et puis, on ne sait jamais quand on va voir une personne pour la dernière fois.

Rideau.»

Charles Pépiot

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