L’exposition « Réactivation Ouest-Lumière » à l’espace d’art Immanence, à Paris, présente un projet de réactivation artistique d’un lieu industriel mené par Yann Toma depuis le début des années 1990.
« Réactivation Ouest-Lumière », le projet au long cours de Yann Toma
De nombreux objets, installations et documents jalonnent l’exposition : il s’agit, présentés pour la première fois, des traces que Yann Toma collecta en 1991 dans la sous-station EDF de Puteaux où il découvrit l’ancienne usine d’électricité Ouest-Lumière. Commençait alors la première période d’une démarche visant à réactiver, sous d’autres formes, ce lieu qui s’apprêtait à être démoli.
Pendant plusieurs années, Yann Toma suivit le démantèlement progressif de l’usine et en sauva les archives, des dossiers administratifs d’ouvriers ou encore certains objets tels que des ampoules et des compteurs. Puis, il scelle son projet, son entreprise-artiste à venir, en rachetant le nom et la marque Ouest-Lumière à l’INPI. L’ancienne compagnie d’électricité Ouest-Lumière, son lieu, ses archives peuvent alors être réactivés suivant la volonté de Yann Toma de « mettre en scène une nouvelle réalité de l’objet devenu déchet ; objet/reflet du passage de milliers de corps d’ouvriers ».
Yann Toma réactive par l’art l’ancienne usine Ouest-Lumière
Aux murs sont accrochés un Organigramme de Ouest-Lumière avec, au poste de « Président nommé à vie », Yann Toma, une boîte de dérivation et son moule, un moulage en plâtre étant quant à lui présenté dans une vitrine posée sur un tapis d’ampoules. On découvre également des carottages en terre extraits du site Ouest-Lumière, une installation constituée d’une parabole sur trépied dont s’échappent de multiples câbles rouges reliés à un téléphone posé dessous et formant des pelotes sur le sol.
L’ancienne compagnie d’électricité Ouest-Lumière est ainsi réaffectée à une nouvelle fonction : celle de la production et de la distribution de l’énergie artistique. En posant un regard à la fois archéologique et ethnologique sur le lieu et ses objets, la démarche de Yann Toma, rituelle avant d’être plastique, offre à l’usine une continuité de son héritage et de sa mémoire, prolongées au-delà de son passé industriel, et ouvre à travers elle un questionnement sur le devenir de notre société.