— Éditeurs : Les Presses du réel, Dijon / Janvier
— Année : 2003
— Format : 26 x 20 cm
— Illustrations : nombreuses, en couleurs et en noir et blanc
— Pages : 272
— Langue : français
— ISBN : 2-84066-088-1
— Prix : 30 €
La peinture comme lieu du crime
par Bernard Marcadé (extrait, p. 12-13)
La peinture de Ming peut être comprise comme la tentative d’élucidation d’une énigme dont la vérité reste inaccessible ; ne subsistent que des hypothèses, chaque tableau jouant comme pièce à conviction. Le passage des têtes génériques et anonymes des années 1980 aux portraits individualisés (à partir de 1992) consiste à donner une consistance de plus en plus précise à ce qui n’était jusqu’alors qu’un fantôme ou une présomption de visage.
« C’est vrai, je ne dis plus aujourd’hui que le visage est un prétexte pour faire de la peinture. Au contraire, avec le portrait, cela devient plus réel. J’ai aussi pris conscience que l’on ne peut pas faire de la peinture avec des prétextes. Même en le disant, je trouvais cela ridicule. Avec « hypothèse » c’est mieux, car on ne sait pas vraiment. Je pourrais dire aussi « possibilité » ». Les œuvres de Yan Pei-Ming peuvent être lues, rétrospectivement, à partir de l’hypothèse de ce « non-lieu » (autre sous-titre de Paysage international), anonyme, interchangeable, « sans qualités » ; sans autre prétexte ou mobile apparent, que celui de « sauver les apparences », ce qui, en occurrence, constitue une assez bonne définition de la peinture. (« Si le portrait n’a pas de ressemblance, il est sauvé par la peinture. Si la peinture est ratée, elle est sauvée par la ressemblance. Au départ, toute peinture est ratée, il s’agit de la sauver par la suite »). Ne s’agit-il pas finalement, et ceci à la fois littéralement et métaphoriquement, de ne pas faire perdre la face à la peinture ?
(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions Les Presses du réel)
L’artiste
Yan Pei-Ming est né en 1960 à Shangaï;, Chine. Il vit à Dijon.