Y Olé ! est un nouvel exemple du travail poursuivit par José Montalvo marqué par le mélange des genres qu’il définit lui-même comme « une manière de penser et de sentir le monde ». De manière significative, José Montalvo n’hésite pas ici à recourir à la vidéo pour projeter sur scène un cerisier fleuri aux racines inversées qui représente la renaissance du printemps et le ballet écrit par Igor Stravinsky, et dont la présence ne cesse de se faire sentir tout au long du spectacle. Il rapproche sur scène danse et images, culture classique et populaire. Ses pièces précédentes telles Paradis (1997) et Good Morning, Mr. Gershwin (2008) confondaient déjà les genres, et trouvent en quelque sorte leur prolongement dans Y Olé !
Entre répertoire classique et souvenirs d’enfance
Spectacle pour seize danseurs qui s’ouvre avec le Sacre du printemps de Stravinsky, Y Olé ! se poursuit avec des chansons populaires à succès qui renvoient à l’enfance de José Montalvo, assistant à ces grandes fêtes organisées dans les camps de réfugiés situés près de Carcassonne, par les Espagnols et les Marocains venus aider aux vendanges. Cette juxtaposition de parties dissemblables ne manque pas de créer un véritable contraste que José Montalvo décrit savoureusement : « un Picasso et une toile d’un peintre du dimanche côte à côte ».  La complexité des rythmes du Sacre du printemps, dont José Montalvo a voulu souligner la vitalité et l’exubérance, rencontre les zapateados du flamenco, danse de l’érotisme et du trouble amoureux incarnés.
L’énergie vitale du geste
Mais au-delà d’un tel contraste, cette nouvelle pièce se veut une évocation de l’enfance et de la famille, plus particulièrement des rapports intimes entre José Montalvo et ses parents ; son père originaire d’Andalousie, et sa mère, danseuse et chorégraphe. Plus que jamais les souvenirs d’enfance importent : la guerre d’Espagne et la fuite inévitable ; l’apprentissage d’une nouvelle langue, de nouvelles manières d’être et de penser. La danse devenait alors un exutoire à l’exil et à ses difficultés quotidiennes lorsque José Montalvo regardait sa mère danser. Ce sont ces scènes originelles que tentent de restituer Y Olé !, celles du seul plaisir du mouvement et de la musique.
Y Olé ! se présente alors naturellement comme une véritable célébration de « la jouissance de danser et de chanter » où cinq danseurs et chanteurs de Cordoue et de Séville, dont quatre femmes, se mêlent aux danseurs contemporains. Sur scène, les interprètes africains et les danseurs de hip-hop qui travaillent habituellement avec José Montalvo, croisent donc ces mêmes danseurs de flamenco, montrant la volonté et la possibilité de créer un ballet réunissant en tout harmonieux des pratiques différentes.