L’exposition « Il y a sans doute une faille » à la galerie Mansart, à Paris, présente un projet de Célia Bertrand et Margot Sputo autour des désillusions qui caractérisent l’époque contemporaine, de la France de la première à la Pologne de la seconde.
Célia Bertrand et Margot Sputo auscultent la faille du monde actuel
Sculptures et installations de Célia Bertrand et Margot Sputo se mêlent dans une évocation de la situation du monde actuel, marqué par une faille généralisée, et des façons d’y répondre. Par des objets et des symboles agissant comme des mises en exergue, les deux artistes scrutent au plus près les détails de nos sociétés pour distinguer la faille qui les traverse.
Une installation de Célia Bertrand est sobrement intitulée 26 novembre 1974, la date à laquelle Simone Veil a défendu la légalisation de l’avortement à l’Assemblée Nationale. L’installation est constituée de deux tas de confettis, un petit tas rose et un, beaucoup plus important, bleu. Une sculpture de Margot Sputo, intitulée Warsaw Frontex, représente le siège de l’agence chargée du contrôle aux frontières européennes, installé à Varsovie.
« Il y a sans doute une faille » : l’ère des désillusions
A travers ces évocations symboliques se dessinent les lignes de faille du monde contemporain, un monde désormais noyé d’incertitudes et qui se délite, s’éparpille… Ainsi en Pologne s’effondre peu à peu ce qui a été acquis au cours des décennies précédentes et avec elle la fierté du pays, entraînant en réaction la résurgence de revendications nationalistes, xénophobes et intégristes. En France, l’échec des promesses de fraternité, d’égalité sociale et de liberté a ouvert la voie au soupçon et à l’état d’urgence permanent.
Face à l’évidence de la faille, Célia Bertrand et Margot Sputo entendent proposer autre chose qu’un retour aux traditions, aux héros et aux valeurs passées. Ainsi avec l’œuvre intitulée Oplatek Margot Sputo reconstitue le drapeau polonais à l’aide de soixante feuilles de pain azyme, un des symboles culinaires du catholicisme polonais. Un symbole des forces enclines à la mélancolie et à la passivité que refusent les deux artistes.