Jonathas de Andrade Souza, Ed Atkins, Trisha Baga, Matthew Barney, Neïl Beloufa, Gerry Bibby, Dineo Seshee Bopape, The Bruce High Quality Foundation, Antoine Catala, Paul Chan, Ian Cheng, Dan Colen, Petra Cortright, Jason Dodge, Aleksandra Domanovi, David Douard, Erró, Rœ Ethridge, Edward Fornieles, Gabriela Fridriksdottir, Robert Gober, Karl Haendel, Fabrice Hyber, Jeff Koons, Ann Lislegaard, Nate Lowman, MadeIn Company, Václav Magid, Helen Marten, Thiago Martins De Melo, Bjarne Melgaard, Takao Minami, Meleko Mokgosi, Paulo Nazareth, Paulo Nimer Pjota, Yoko Ono, Laure Prouvost, Lili Reynaud-Dewar, James Richards, Matthew Ronay, Tom Sachs, Hiraki Sawa, Mary Sibande, Gustavo Speridião, Tavares Strachan, Nobuaki Takekawa, Ryan Trecartin, Lizzie Fitch, Hannah Weinberger, Ming Wong, Yang Fudong, Anicka Yi, Zhang Ding
12e Biennale de Lyon. Entre-temps… Brusquement, et ensuite
Les romanciers ou les scénaristes espèrent toujours avoir une histoire intéressante à raconter. Une bonne histoire, c’est aujourd’hui aussi ce que recherchent à tout prix autant les hommes politiques que les marques commerciales pour influencer les comportements des électeurs ou des consommateurs. Les récits du monde ne sont plus simplement innombrables, comme l’écrivait Roland Barthes; ils sont aujourd’hui omniprésents, installés au cœur même de la vie quotidienne.
Ces artistes donnent à leurs œuvres-récits des formes extrêmement variées, utilisant une multiplicité de registres, matériaux et techniques ou technologies. L’exposition mêle ainsi sculptures, peintures, images fixes et animées, arrangements de textes, de sons, et d’objets dans l’espace, performances, etc. Elle souligne les manières dont les jeunes artistes aujourd’hui, selon qu’ils travaillent en Europe, en Asie, en Amérique latine, en Afrique ou en Amérique du Nord, imaginent les narrations de demain: des narrations qui négligent les suspenses et les excitations de la fiction globalisée (hollywoodienne, télévisuelle, ou celle des best-sellers de la littérature mondiale); des narrations inédites qui défamiliarisent le monde, lui restituent son étrangeté et sa complexité radicales si souvent aplanies et étouffées par les mises-en-récit conventionnelles; des narrations artistiques qui nous donnent à voir et à comprendre le monde comme toujours neuf et plus intelligible.
Ainsi, une multitude d’histoires, de natures et de genres très différents, que les artistes ont développées à partir d’expériences réelles ou de constructions imaginaires, d’anecdotes tirées de la vie quotidienne aussi bien que de phénomènes sociaux ou d’événements historiques considérables, vont se disséminer et s’entrecroiser sur les différents sites qui accueillent cette année la Biennale.
Ce sont autant d’histoires que les visiteurs pourront s’approprier et, à leur tour, raconter, en les énonçant autrement, en les développant probablement un peu, et en les déformant parfois sans doute aussi. Elles se propageront selon diverses modalités, au gré de conversations, sur le mode de la rumeur, ou à l’aide des nouvelles technologies des réseaux sociaux, donnant lieu à des récits imprévisibles —augmentés, discontinus et fragmentaires.
Gunnar B. Kvaran