LIVRES

Xavier Zimmermann

Des photographies pour interroger les rapports physiques à l’espace : espaces ouverts, horizons lointains, distance entre les gens, dans le champ desquels interférent des éléments (construction, personnes, etc.) qui font écran au regard. Des compositions où se jouent les oppositions plein/vide, où les masses foncées se heurtent aux étendues claires.

— Éditeurs : Frac Auvergne, Clermont-Ferrand / Frac Alsace, Strasbourg / Le Creux de l’enfer, Thiers
— Année : 2002
— Format : 27 x 24 cm
— Illustrations : nombreuses, en couleurs et en noir et blanc
— Pages : 97
— Langues : français, anglais
— ISBN : 2-913323-52-9
— Prix : 23 €

Présentation
par Pascal Neveux (p. 7)

Il y a dans le travail de Xavier Zimmermann une économie essentielle, qui organise l’espace photographique tout en laissant au spectateur lui-même acteur de sa présence ou de son absence, la liberté entière d’interpréter, de penser, d’appréhender les lieux et non-lieux que l’artiste nous donne à voir. Une quête photographique rigoureuse, sans exotisme, sans préoccupation documentaire, ni pathos, pour s’attacher à la fois à révéler et à appréhender, quels que soient les cultures, les paysages, les architectures et au-delà de tout formalisme notre espace social, public ou privé, architectural ou naturel.

Des Façades de pavillons de banlieue aux Assemblées, en passant par ses Panoptiques et ses photographies de souks, toutes ses séries photographiques participent à ce projet ambitieux et exigeant que Xavier Zimmermann ne cesse de développer avec obstination ces dernières années, en marge de toute école, de tout mouvement. Nulle envie effectivement de s’inscrire dans une quelconque démarche documentaire, mais plutôt un univers visuel volontairement protéiforme, où la notion d’écran est l’élément moteur de cette recherche photographique. L’écran comme dispositif qui arrête, qui obstrue, qui dissimule, qui assure une protection mais également qui empêche de voir, de comprendre au-delà, de l’autre côté de ces façades de pavillons de banlieue, sous ce manteau neigeux des Rives du Saint-Laurent, à travers ses feuillages ou ses architectures contemporaines de verres. Chaque exposition, chaque accrochage de Xavier Zimmermann tient de l’expérimentation doublée d’une réflexion très poussée sur la mise en espace de ses photographies, pour arriver enfin à instaurer un véritable dialogue avec les lieux qui lui sont proposés et placer le spectateur au cœur d’un dispositif visuel qui se joue de sa présence en organisant les premiers et seconds plans, en maîtrisant le rythme entre chaque série photographique et mettre en œuvre au-delà des sujets photographiés, ce principe d’écran dans toute sa dualité, son ambivalence et sa contradiction, à la fois écran de projection et écran d’occultation.

Une attitude photographique dénuée de tout pittoresque, de toute superficialité, de tout exotisme, mais profondément sincère, inscrite dans une recherche méthodique emprunte d’une grande sérénité. Une aventure de la révélation, de l’effet de miroir, une quête humaniste, sensible, à la fois érudite et humble qui opère sur un registre bien plus passionnant que celui d’une simple critique sociale.

(Texte publié avec l’aimable autorisation du Frac Auvergne)

L’artiste
Xavier Zimmermann est né en 1966 à Paris, où il vit et travaille.

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