L’art du rebut, ou de la récupération, n’est pas une nouveauté. Comme le rappelle le texte introductif de l’exposition, les cubistes, les dadaïstes puis les surréalistes ont, avant ces quatre artistes rassemblés à la galerie art:concept, expérimenté au début du XXe siècle un nouveau processus de création de l’œuvre d’art, à savoir la collecte d’éléments du réel, réunis par la main de l’artiste et ainsi gratifiés d’une aura, essentielle à l’avènement aux yeux du spectateur de l’œuvre d’art.
Pour le Gallois Sean Edwards, il s’agit par exemple de réunir des sacs poubelles rouges et blancs éparpillés au sol, contenant chacun un verre de lunette collé au plastique, pour contredire sa volatilité (Untitled, 2008).
Le jeune Ruairiadh O’Connell affirme parallèlement vouloir» transférer les lois d’un matériau pour qu’elles créent un nouvel objet, qui gagne du sens grâce à ses propriété naturelles». A cette affirmation s’ajoute le jeu sur la notion d’équilibre. Une micro-sculpture, Richard of York Gave Battle in Vain (2008), est constituée de fils de couleurs disposés en équilibre sur une aiguillée plantée dans le mur, sensible à toute vibration de l’air. Sur le bord du guichet de la galerie sont réunis deux verres vides, dont l’un porte des traces de rouge à lèvres et tient en équilibre sur une règle : Ambition and Romance are a Terrible Broom (2008) évoque les incertitudes des ambitions et de l’amour. Myosotis (2008), planches d’aggloméré faussement assemblées par des aimants, et Jody Harsh (2008), superposition de queues de billard, sont quant à eux des sortes de portraits en équilibre instable.
Les deux artistes féminines de l’exposition, Charlotte Thrane et Alhena Kastof, sont adeptes du collage stricto sensu. La Danoise Charlotte Thrane joue aussi avec l’équilibre dans l’assemblage d’objets Half Blind (2007), constitué d’un abat-jour surmonté d’une barré métallique à laquelle est accroché un niveau d’architecte qui pointe vers un livre ouvert… à la recherche d’un sens.
Pour Alhena Katsof, Canadienne installée à Glasgow, le collage est pertinent tant pour ses qualités visuelles que pour ses implications sociologiques. Ainsi multiplie-t-elle dans ses Å“uvres en deux dimensions les références culturelles, sociales ou intimes, comme dans Bodies Need Rest (2008), allusion aux mouvements sociaux, ou If Her Father Had Been Covered With a Stone… (2008), composé de collages sur des photographies de bustes, associés à un magnolia posé sur une étagère, en forme de monument à la mémoire.
.
Sean Edwards
— Untitled, 2005. Sacs en plastique rouge et blanc, verres de lunettes, dimensions variables
— Bronze Keeley, 2008. Bronze, 1,2 x 12,8 x 1,2 cm
— Looking at a Box, 2008. Animation n&b
— Untitled, 2008. Ruban adhésif, clou, impression jet d’encre
Ruairiadh O’Connell
— Ambition and Romance are a Terrible Broom, 2008. Verres, rouge à lèvres, règle, dimensions variables
— Myosotis, 2008. Aimant, crochets de tableau, aggloméré, dimensions variables
— Jody Harsh, 2008, queue de billard, porte-canne, 150 x 3 cm
— Rochard of York Gave Battle in Vain, 2008. Aiguille, fils, dimensions variables
Charlotte Thrane
— Slow Coming I, 2008, collage encadré, 47 x 67 cm
— Slow Coming II, 2008, collage encadré, 47 x 67 cm
— Slow Coming III, 2008, collage encadré, 47 x 67 cm
— The End of Bad Temper, 2008, sac et pied en plastique, dimensions variables
— Half Blind, 2007. Abat-jour, barre verticale en métal, niveau serre-joint, carton, bois peint, livre, élastiques, dimensions variables
Alhena Katsof
— Harry: A commune? Tom: No, not a commune – a community, there’s a difference, 2008. Magazine encadré, 35 x 44cm
— The side of the blue, 2008. Photocopie d’original collé, collage, 45 x 32,5 cm
— Ih her father had been covered with a stone, she would never have been able to communicate with him after he died, and hear his voice in the trees pardoning her, 2003. Trois collages, étagère, magnolia, dimensions variables
— Bodies Need Rest, 2008. Collage encadré, 41 x 41,5 cm
— Edge, 2007. Pages d’encyclopédie encadrées, 44 x 115cm