Nathalie Béasse
Wonderful world
Ça commencerait comme un film, dans un espace entre le parking et le hall d’un vieux centre des congrès… Ils sont projetés à l’avant, très proches de nous, ils s’adressent à nous dans un temps présent, immédiat, dans une urgence.
Wonderful world est né en travaillant deux jours dans une ancienne base sous-marine à Saint- Nazaire.
Un homme vient de loin en courant pour nous annoncer quelque chose.
Tout a commencé par des courses dans des couloirs.
Un homme s’arrête puis dit un texte de messager antique juste après cette course et puis il recommence mais avec un costard-cravate et des mots d’aujourd’hui.
On pourrait dire que c’est un spectacle d’anticipation poétique. Des hommes qui s’échapperaient de quelque part, d’une catastrophe, ou peut-être seulement d’eux-mêmes, de leur propre condition, de leur corps… Un homme veut parler, il est empêché, un homme veut rire, il est empêché.
Il s’avance pour nous parler, ils viennent le chercher, le jettent dehors, il revient, il est aussitôt écarté, on le fait disparaître.
Ils sont réunis pour un événement, ils se retrouvent autour d’une table et petit à petit les tensions naissent, les langues se délient, les corps s’expriment. Au début on verra tous ces empêchements puis, petit à petit, l’explosion, des explosions.
Parler de ce costume qui les enferme
de cette cravate qui les étrangle
de cette peau qui les démange
de cette parole qui n’arrive pas à sortir
de ces doigts qui n’arrivent pas à bouger
de cette course qui n’avance pas
«Je me pose aussi souvent des questions sur la naissance de la parole, sur comment va sortir le mot. Exprimer des pensées, des sensations devant un groupe, un public, une assemblée, un proche. Etre à l’écoute des silences entre les mots, être à l’écoute de cette mémoire qui cherche, de ces vides ou de ces trop-pleins. La narration n’est pas logique, chronologique. Les faits ne sont pas mis en avant, mais les situations concrètes servent de point de départ. Des dérapages vers l’onirique, comme des échappées, sur les frontières mentales, être sur un fil».
Nathalie Béasse