L’exposition « Women House » à la Monnaie de Paris rassemble les œuvres de trente-neuf artistes femmes des XXe et XXIe siècles qui explorent le lien traditionnellement tracé entre les femmes et l’espace domestique.
« Women House » : quel lien entre les femmes et l’espace domestique ?
Le titre de l’exposition, « Women House », fait référence à un projet mené en 1972 par les co-directrices du programme d’art féministe alors initiée à l’Ecole des arts de Californie. Constatant qu’elles ne disposaient pas de salle pour dispenser leurs cours, les deux femmes ont alors choisi de transformer cet obstacle en outil et créent un groupe de travail autour de la notion de maison.
Elles ont ensuite organisé une exposition intitulée « Woman House » dans une ancienne maison hollywoodienne en passe d’être détruite : une installation géante qui investit les dix-sept pièces de la bâtisse, transformées par vingt-cinq femmes artistes. Cet événement qui constitua un tournant dans l’histoire de l’art féministe a été immortalisé par le film Womanhouse de Johanna Demetrakas, qui est diffusé au début de l’exposition.
De Louise Bourgeois à Cindy Sherman : placer les femmes au centre d’une histoire
L’exposition interroge le rapport entre deux notions : le féminin et le domestique. Traditionnellement, l’espace public est dévolu aux hommes tandis que l’espace intérieur serait celui des femmes, devenant leur refuge ou leur prison. Les Å“uvres de trente neuf artistes femmes remettent en question l’évidence de ce fait. En explorant ce sujet complexe, elles placent les femmes au centre d’une histoire dont elles ont souvent été exclues.
Le parcours renvoie en huit chapitres aux multiples points de vue possibles sur le rapport entre le féminin et le domestique. Si les œuvres présentées dans la première partie intitulée « Desperate Housewives » comme les photographies Untitled Film Still #35 de Cindy Sherman et Hausfrauen – Küchenschürze de Birgit Jurgenssen, sont ouvertement féministes, celles du chapitre « Une chambre à soi », intitulé d’après l’essai de Virginia Woolf, qui incitait les femmes à avoir un espace de travail propre chez soi, se veulent plus poétiques. On y découvre notamment la photographie Space², Providence, Rhode Island de Francesca Woodman.
Les Å“uvres, issues de quatre continents, sont le fait d’artistes historiques ou émergentes et de figures connues ou méconnues, ces dernières ayant bénéficié d’une relecture moins sexiste de l’histoire de l’art. Ainsi les sculptures en marbre blanc Femme Maison et en bronze et acier Spider de Louise Bourgeois ou encore celle, monumentale et colorée de Niki de Saint Phalle intitulée Nana maison II côtoient l’installation Ambiente – Sala de Jantar d’Ana Vieira ou des Å“uvres de l’Iranienne Nazgol Ansarinia ou de la Mexicaine Pia Camil.