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Wohin und Zurück

L’espace d’exposition n’a jamais été pour Hans Schabus un lieu neutre de présentation, mais un site spécifique dont les caractéristiques doivent entrer en relation avec les objets qui l’habitent. Prendre possession du lieu afin de le soumettre à un redimensionnement à la fois physique et mental est le point de départ du travail de l’artiste.

Lorsqu’en 2005 à l’occasion de la Biennale de Venise, Hans Schabus a été invité à montrer son œuvre au Pavillon autrichien, un travail méticuleux de pré-écriture a précédé la réalisation plastique. L’artiste a entamé sa recherche dans son atelier à Vienne où il a recueilli et étudié scrupuleusement un ensemble de documents sur l’histoire du Pavillon de l’Autriche, des travaux de recherche sur les premières fêtes internationales, en particulier sur la Biennale de Venise, ainsi que sur le passé des deux pays voisins de l’Autriche et de l’Italie.

Détruire, étudier, comprendre, investir et construire à nouveau: le travail de Hans Schabus aborde toujours le thème de la position de l’artiste dans l’espace, et irrémédiablement celui du rôle du visiteur comme voyageur de son propre espace mental.

«Wohin und Zurück» est la première exposition personnelle de l’artiste Hans Schabus chez Jocelyn Wolff. Trois travaux seulement sont présentés. Turmbau zu Babel se compose de six puzzles différents de la Tour de Babel de Bruegel, huile sur panneau datant de 1563, conservée aujourd’hui au Kunsthistorisches Museum de Vienne. Achetés chez différents marchands, ces objets de divertissement sont ici assemblés par l’artiste, mais accrochés au mur à l’envers, ne donnant à voir que leur verso et occultant ainsi l’image au recto. Le choix de montrer, d’exposer, va ici de pair avec l’acte de dissimuler.

Republic est une installation réalisée à partir de l’escalier en colimaçon de Hans Schabus, et présentée par portions sur le mur et le sol de la galerie, au seuil de l’entrée.
Posé à terre enfin, presque négligée, Vogeltränke est une sculpture en bronze présentant un moulage de l’arrière de la tête de l’artiste.

Les œuvres de Hans Schabus sont à la fois le fruit de l’expérience et d’une réflexion sur la dimension spatiale des objets et du lieu dans lequel ils sont montrés. Les sculptures et les installations de l’artiste se réfèrent directement à son environnement physique et mental, en particulier son atelier.
Souvent chez Hans Schabus, le lieu de l’exposition devient aussi le lieu de fabrication, de transformation des matériaux et de réalisation de l’œuvre. L’espace de la création est toujours pré-étudié par l’artiste et les travaux qui vont naître de ses recherches sont le fruit de l’analogie entre le potentiel du lieu et l’espace mental de l’artiste.

Les travaux de Hans Schabus sont donc une sorte de méditation sur l’acte créateur. Que ce soit en moulant l’arrière de sa tête ou en montrant le verso de puzzles reproduisant une œuvre bien connue de Bruegel, Hans Schabus affirme son intérêt pour le dessous et l’envers des choses, le rapport des objets à leur propre définition, leur variation de sens en fonction de leur place et de leur position, leur rapport à l’espace comme expérience mentale et physique.

Inspiré des expériences artistiques de Bruce Nauman ou de Gordon Matta-Clark, Hans Schabus transforme l’espace d’exposition en une construction complexe, un lieu de déambulation mentale, renouvelant en permanence son potentiel significatif grâce aux objets qui l’habitent, et qui l’érigent finalement en véritable objet de l’exposition.

— Hans Schabus, République, 2010. Fer, bois, plastique. 135 x 315 x 647 cm.
— Hans Schabus, Vogeltränke, 1998-2009. Bronze, eau. 31 x 46 x 35 cm.
— Hans Schabus, Turmbau zu Babel, 2010. Bois, carton, verre. 6 éléments. 69,2 x 96,8 cm, 44,1 x 67,5 cm, 60 x 85 cm, 48 x 68 cm, 101 x 153 cm, 47,6 x 65,2 cm

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