Communiqué de presse
McDermott & McGough
Without You I am Nothing
Du 4 juin au 22 juillet prochain, McDermott & McGough nous feront découvrir leurs toutes dernières peintures de 2008-2009, créées par juxtaposition d’images de films d’après-guerre, nous laissant entrevoir au travers de ces nouvelles oeuvres certains fondements de leur démarche atemporelle si spécifique.
Lors de leur dernière exposition à la galerie Please don’t stop loving me, les tableaux étaient construits selon une même structure iconographique, celle d’une planche de bandes dessinées où se superposaient images de comics et de films hollywoodiens des années 50. L’un d’entre eux, There wasn’t a thing left to say, 2006, figurera d’ailleurs dans la prochaine exposition de la Maison Rouge – Fondation Antoine de Galbert consacrée à la bande dessinée.
Dans le groupe présenté ici, les images, toutes d’origine cinématographique, se superposent l’une sur l’autre sur la toile, selon un principe d’ « écran divisé », comme lors d’une projection où la bande passerait au ralenti pour nous laisser voir plusieurs images à la fois ou une même image répétée plusieurs fois…
Le propos de ces nouvelles toiles n’est pas le cinéma, c’est une clé pour comprendre le cheminement intellectuel du couple McDermott & McGough…
Au même titre que la littérature ou la musique, le cinéma est utilisé ici comme « un portail visuel vers le passé », le titre de l’exposition Without You I am Nothing faisant allusion à la découverte d’un accès visuel qui permet d’apprendre comment se comporter et agir… De plus, le cinéma agit sur le spectateur, dans le regard qu’il porte sur l’oeuvre.
« Les conversations mènent presque toujours au film », comme le soulignait l’icône littéraire homosexuelle Gore Vidal. Le cinéma est en effet un vecteur essentiel de notre conscience culturelle, les films fournissant de multiples exemples de vies individuelles dont ils nous livrent les clés. Le comportement et l’identité individuels, les relations entre individus se basent ainsi sur les films, sur les enseignements qu’on en tire.
L’exposition prend ici un caractère autobiographique, puisque c’est précisément par les films que les jeunes McDermott et McGough échappaient à la routine et à l’ennui de leur vie de banlieusards dans l’Amérique des années 1950-60. Les films étaient un moyen pour eux de découvrir autre chose que leur environnement immédiat, une ouverture sur un monde « glamour », et un moyen de comprendre comment les gens vivaient dans le passé, même si cette façon de voir était artificielle…
Quand David McDermott prit très tôt la décision de « vivre » dans une époque autre que la nôtre, sa jeunesse l’empêchant de maîtriser son environnement comme il le souhaitait, il commença par s’habiller en vêtements d’époque, tels qu’il avait pu les découvrir au travers des films de son enfance.
C’est aussi en analysant les mises en scènes, les décors et les images tirés de films que les artistes ont pu continuellement nourrir leur démarche spécifique, qui vise à re-créer une imagerie surannée plus qu’à s’approprier directement des images du passé. Les films ont ainsi permis aux artistes de se familiariser avec les éléments de référence de l’époque dans laquelle ils souhaitaient s’immerger.
Si pour ce groupe d’oeuvres ils ont choisi les films américains des années 1940/50, c’est précisément parce que c’est au travers de cette époque que McDermott & McGough ont pu appréhender l’aspect glamour du XXe siècle, comme l’illustrait la beauté artificielle et érotique des actrices de ces films. Comme tant d’autres, ils furent fascinés par l’aura qui se dégageait de Rita Hayworth dans Lady from Shanghai, de Lana Turner dans Madame X ou de Lauren Bacall dans Written on the wind, images que l’on retrouve dans les tableaux exposés ici.
La structure en écran divisé nous offre une approche formelle de l’oeuvre de McDermott & McGough, une visualisation didactique de leur théorie atemporelle qui considère que toutes les époques existent en même temps… Décomposition de l’image sur un même plan, celui de la toile, qui évoque la décomposition du temps en plusieurs strates/époques qui se superposent pour cohabiter dans une même époque, le présent. Quand cette superposition inclut des images différentes, le tableau prend tout à coup un caractère narratif évident, que suggère d’ailleurs le titre de l’oeuvre : I cried for you, Something I’ve never had…
Dans ces nouvelles toiles, apparaît aussi une dramatisation inédite de l’image, tant par des effets identiques à ceux traditionnellement utilisés dans les films, comme les gros plans sur les visages qui augmentent le caractère dramatique de leur expression ou des contrastes voulus entre couleur et noir et blanc, que par une « mise en scène » particulière qui en augmente le pouvoir spectaculaire.
En supprimant l’espace inter-cases qui existait dans leurs peintures de 2006-2007 conçues comme des planches de bandes dessinées ou l’écran Tv obsolète ajouté comme une bordure d’encadrement dans leurs peintures de 2007-2008, les artistes placent le spectateur dans une confrontation directe et intime avec les images, renforçant ainsi encore leur impact visuel.
Vernissage
Jeudi 4 juin. 11h-19h.