Communiqué de presse
Wolfang Laib
Without Place – Without Time – Without Body
Les matériaux que Wolfang Laib choisit sont issus de la nature et les formes qu’il privilégie font référence aux civilisations anciennes du Moyen-Orient et de l’Asie notamment. Lait, pollen, riz, cire d’abeille, laque, sont utilisés d’une manière qui préserve leur puissance intrinsèque d’élément premier et leur force expressive. Les formes sont simples et hautement symboliques : géométriques, comme le rectangle, le carré, le triangle ; ou évoquant des architectures, telles que la maison ou la ziggourat.
De fait, dès son origine, sa démarche apparaît comme la tentative d’atteindre une sorte d’unité première entre l’homme et l’univers, de réaliser une communion de l’humain avec le cosmos, au travers d’activités contemplatives (le polissage du marbre, la récolte du pollen), de rites (le versement du lait, le tamisage du pollen), d’offrandes (celles du lait, du riz…).
Ainsi, dans la pure beauté de leur dépouillement formel, ses sculptures se donnent à voir comme de fascinants supports à la méditation. L’ambition de l’artiste est, par-delà le choc émotionnel généré par l’expérience esthétique particulière que représente la vision d’une pierre de lait ou d’un pollen, de susciter chez le spectateur une prise de conscience de sa condition, fragile et transitoire, d’élément d’un tout, de parcelle de vie d’un univers en perpétuel mouvement.
Pour le musée de Grenoble, Wolfgang Laib a conçu une exposition qui à la fois donne toute leur place à chaque oeuvre, et permet, par leur mise en relation, une approche renouvelée. De fait ses oeuvres nécessitent leur part d’espace et de silence pour se déployer pleinement. Leur fragilité, leur aspect presque «sacré», leur caractère «vivant» appellent une certaine retenue, et une disponibilité totale de l’esprit et des sens. Le parcours qu’il a imaginé prépare à cette expérience, où ravissement, contemplation et méditation sont intimement liés.
En guise d’introduction, on trouvera dans le premier espace une Pierre de lait et des Maisons de riz qui, par-delà le sentiment particulier du temps qu’elles évoquent, constitueront une expérience de la blancheur : blancheur délectable du lait, cristalline du marbre, translucide du riz. Une blancheur qui n’est pas sans rappeler celle du Carré blanc sur fond blanc de Malévitch qui ouvre sur un espace immaculé et infini.
Suivront des Pollens, oeuvres fascinantes de simplicité et d’évidence, véritables «chant du monde», exaltation d’une nature périssable et sans cesse recommencée.
Plus loin, on trouvera Une Chambre de cire, espace clos entièrement revêtu de plaques de cire d’abeille, espace odorant et mystérieux, hors du monde, qui sollicite tous les sens et prépare le corps à une sorte de transsubstantiation : un voyage vers l’éther.
Enfin, deux grandes installations majestueuses viendront clore ce parcours : un espace peuplé de plusieurs milliers de «petites montagnes» de riz intitulé Without Place – Without Time – Without Body ; et une immense ziggourat en cire d’abeille, invitation à gravir mentalement les marches de cet édifice pour accéder à une dimension supérieure, de la matière vers l’esprit.
A ces fortes ponctuations de l’exposition s’ajouteront un certain nombre d’oeuvres, dont plusieurs totalement inédites, et un ensemble de dessins et de photographies, images des lieux, des sites, des édifices qui ont marqué l’artiste et dont on trouve dans son oeuvre l’écho.