Rebecca Bournigault
Within a sound
Harald Szeemann écrit dans le catalogue de la Biennale de Lyon en 1997 à propos du travail de Rebecca Bournigault:
«Pourtant, même si chaque homme réagit différemment, il y a des observations plus générales. Les femmes sont beaucoup plus décontractées dans les portraits que les hommes. Enfin, déjà Beuys disait que l’avenir c’étaient elles.
Autoportrait est totalement différent des autres portraits. On voit que cela lui fait du mal d’être l’enregistreuse et l’enregistrée. Il y a une sorte de jeu-gêne qui contient un élément dramatique et qui fait penser à ce monodrame de Jean Cocteau, filmé par Roberto Rossellini avec Anna Magnani, La Voix humaine dans Amore (1948). C’est la plus jeune artiste de la Biennale, et c’est elle qui nous donne le plus d’autres.»
Aujourd’hui Rebecca Bournigault continue son exploration du portrait à travers les autres en étendant son univers artistique au règne végétal et animal pour mieux cerner encore le genre humain. Fidèle aux médiums qu’elle affectionne particulièrement, elle mêle au sein de l’exposition la vidéo, l’aquarelle et le dessin sur papier.
Un diptyque d’un couple improbable Emeutier et Femme hystérique ouvre l’exposition en côtoyant une série d’aquarelles d’après des gravures de Durer. C’est le point de départ d’une recherche sur les animaux dans l’Histoire de l’Art.
Des vidéos-tondos sont montrées sous forme d’un triptyque minimal et épuré «Nous sommes des déserts», premiers mots d’un texte de Gilles Deleuze:
«En chacun de nous, il y a comme une ascèse, une partie dirigée contre nous-mêmes. Nous sommes des déserts, mais peuplés de tribus, de faunes et de flores. (…) Et toutes ces peuplades, toutes ces foules, n’empêchent pas le désert, qui est notre ascèse même, au contraire elles l’habitent, elles passent par lui, sur lui. (…) Le désert, l’expérimentation sur soi-même, est notre seule identité, notre chance unique pour toutes les combinaisons qui nous habitent.» Dialogues avec Claire Parnet, Champs Flammarion, p. 18.
Les sujets classiques de l’histoire de l’Art lui étant chers, Rebecca Bournigault clôt l’exposition par un grand nombre de vanités (série commencée dans les années 2000).