Matthieu Martin
Winter Palace
Le projet «Winter Palace» de Matthieu Martin a pour point de départ la série de dessins «Principe de précaution», une série de dessins issue d’un long travail de repérage photographique, au sein des espaces intérieurs des galeries, musées et autres institutions. Cette série documente les dispositifs de mise à distance contraignant la libre circulation du spectateur et de son expérience au sein des institutions.
Dans cette exposition, sont présentés 3 dessins grand format, d’espaces classiques, Palais de l’Ermitage à St Petersburg, Alte National Galerie à Berlin en contraste avec le centre Pompidou à Paris. Ainsi réunis, ces palais et nouveaux palais de la Culture aux espaces complexes, faits de colonnades et corniches pour les uns, de câbles et poutres métalliques pour les autres, deviennent le point de départ d’une nouvelle expérience graphique de dessins de perspective rythmés par une nouvelle série de sculptures accompagnant cet ensemble.
«Principe de précaution» est une série de dessins réalisés au stylo et marqueur noir sur un papier au ton crème, dans laquelle Matthieu Martin reproduit à l’identique, à partir de photographies prises sur place, des salles d’exposition de musées ou galeries. Seules les œuvres manquent. Cette absence devient révélatrice du dispositif de monstration les entourant et mettant à distance le spectateur tels les scotchs ou barrières de protections qui prennent dès lors une place démesurée et transforment l’équilibre de l’espace d’origine.
Ce travail est né à la suite d’une longue période d’observation puis de collecte d’images au sein des musées et galeries parcourus depuis plusieurs années par l’artiste. Il pourrait être envisagé comme une forme d’inventaire de ces différents dispositifs. Un premier ensemble est composé d’environ 80 dessins au format 21 x 29,7 cm. Ce sont des dessins à la ligne claire, très épurés. Ils sont réalisés quotidiennement (la plupart du temps la nuit) selon un protocole précis.
Pour la galerie ALB, Matthieu Martin vient de réaliser trois grands formats (de 220 x 250 cm environ) composés de plusieurs feuilles de papier espacées chacune de quelques millimètres (une contrainte technique liée au papier que l’artiste a désiré intégrer aux œuvres). Y sont représentés des lieux prestigieux comme le palais de l’Ermitage (Palais d’hiver ou Musée de l’Ermitage) à Saint-Pétersbourg qui donne son titre à l’exposition.
Le raffinement et la richesse de détails de tels espaces étaient impossibles à traduire sur des petits formats et le fait de basculer cette approche vers une nouvelle échelle a permis à l’artiste de se confronter à un environnement dans lequel le regard peut circuler et se fragmenter.
Ce qui intéresse Matthieu Martin, c’est l’effet révélateur que peut avoir un tel geste, la lecture que rendent possible ces absences. Ces dessins sont un point de départ pour déstructurer l’espace du musée et y insérer son langage plastique. Il y a dans ce projet une volonté d’écrire et de composer avec l’architecture, de s’y projeter.
Pour l’exposition à la galerie, Matthieu Martin a également imaginé une nouvelle série de sculptures ayant pour point de départ un modèle particulier de barrière de protection constitué de deux sortes de tube de diamètres différents qui rappellent les deux épaisseurs de trait qu’il utilise systématiquement dans ses dessins. Les barrières ne sont pas répliquées mais déformées par le biais de légères interventions destinées à brouiller l’attention du visiteur.