Windstill. grün

Iris Hutegger
windstill. grün.

Au premier regard et de loin, les œuvres de Iris Hutegger, exposées à la galerie Esther Woerdehoff, ont l’air de dessins colorés au crayon. Cependant en s’approchant, on ne perçoit pas seulement le grain de la photo en noir et blanc, mais aussi les centaines de fils qui s’enchevêtrent sur l’image. On comprend alors que la couleur vient de ces fils qui brodent l’image, lui ajoutant ainsi une troisième dimension. Ces photos brodées sont des pièces uniques en différents formats.

Comment exactement Iris Hutegger et qu’est-ce qui anime cette démarche singulière ? L’artiste prend d’abord des photos de paysages en technique analogique et agrandit les négatifs sur papier photo en noir et blanc. Les photos sont ensuite mises en forme avec un assortiment de fils de couleurs qui sont cousus à même l’image avec une machine à coudre. Avec cette technique, les fils se mélangent sur l’image créant une perception de profondeur et une illusion de consistance. La manipulation des photos transforme le paysage en « une réelle image de fiction ».

Dans ses oeuvres, on n’observe aucune personne ni aucune trace d’intervention humaine car au moment de prendre la photo, Iris Hutegger choisit délibérément une zone difficile voire impossible, à identifier. C’est ainsi qu’elle détruit une image pour en recrée une autre, grâce à l’intervention de la couture.

Iris Hutegger est fascinée par le sujet de la perception, les questions de la réalité et de l’illusion, de localisation et de délocalisation. La photographie analogique, avec son point de référence dans le monde réel, lui est nécessaire pour pouvoir ensuite jouer avec la perception et l’illusion en manipulant l’image par la couture. Marquée par la philosophie de Baudrillard, Iris Hutegger souhaite par ses photos interroger la réalité du monde hors de notre perception et la technicité du médium.