Windows

Toutes sortes de personnages, adoptant diverses postures, ont choisi ce point d’observation. Songeurs ou étonnés, ils scrutent l’horizon: c’est comme si le temps s’était arrêté.
On ne sait rien de ce qu’ils contemplent: le bâtiment juste en face, le ciel, ou leur for intérieur. Luc Dratwa photographie la délicatesse des lignes des corps qui, semblables à des esquisses, se découpent à la fois sur la géométrie des imposantes baies de verre et sur l’Empire State Building dont le dôme aux formes irréelles ressemble à un décor de carton-pâte.

Le panorama qui s’offre aux visiteurs, l’antenne de l’immeuble qui se détache au loin, est pour eux comme un prétexte à laisser leur esprit flotter dans un calme majestueux et sacré, que renforce l’utilisation le noir et blanc des clichés photographiques.

La diversité des situations que Luc Dratwa observe — amoureux enlacés, hommes et femmes, âmes esseulées, personnes de tous âges et de toutes conditions — contribue à créer ce sentiment d’universel, en suspens hors du temps et de l’agitation de la ville.
«J’étais seul. Seul devant un miroir. Celui du temps, celui de l’espace, celui de la vie et de ce qu’il reste quand on enlève le superflu. Moi, face à moi», commente Luc Dratwa.

Luc Dratwa nous propose ici une observation de la condition humaine, de sa manière de s’arrêter un instant pour reprendre son souffle et laisser son esprit divaguer, parfois même en plein cœur de la vie urbaine. Il s’agit d’une étude anthropologique de ces moments d’abandon à la fois nécessaires et trop rares que l’être humain peut atteindre grâce à l’art et à la contemplation.

— Luc Dratwa, série de «Windows». Photographie argentique, tirage jet d’encre sur papier Pearl