La présentation des œuvres de Wim Delvoye entremêle plusieurs chronologies, plusieurs étapes.
En effet, les dessins encore maladroits et balbutiés, que Wim Delvoye a faits durant son enfance (puisque l’exposition couvre la période 1968-2004, c’est-à -dire des trois ans de l’artiste à nos jours) côtoient les œuvres de l’artiste adulte — travaux dont la définition est moins problématique.
Pourtant, cette proximité voulue ne semble pas tant interroger le statut intrinsèque de l’œuvre d’art (où Wim Delvoye se demanderait avec une bonne dose d’ironie ce qu’il faut « de plus » pour « faire Å“uvre » d’art…) que faire montre d’une opération invisible et insensible, celle d’un passage continu et continué. D’un passage, ou mieux encore, d’une gestation, qu’il tente de dévoiler en disséquant quelques un des menus travaux informels, enfantins, qui constituent l’en-deçà de son projet artistique révélé.
On pourrait presque entendre — et voir — dans ces dessins d’enfant ainsi exposés un écho de son entreprise du Cloaca (une machine qui digère et fabrique les excréments), où une part de l’intime serait recrachée aux yeux de tous, où ce qui ne fait pas encore « œuvre d’art », le personnel pourtant étrangement banal, informel, une fois reconsidéré et digéré, deviendrait matériau, témoin informe d’un processus de maturation.
Wim Delvoye :
— Autoportrait, 1989. Ecran de soie, papier, crayon. 60 x 50 cm.
— Dessin préparatoire pour mosaïque, 1990-1991. Collage, photocopie, aquarelle. 45,2 x 45,2 cm
— Concrete Mixers, 1988. Crayon. 26,8 x 35,9 cm.
— Lourdes, 1985. Crayon , crayon de couleur, marqueur 29,5 x 21 cm
— Etude pour Rose des Vents Kimpo, 1997. Crayon, aquarelle. 65 x 50 cm.
— Osama, 2002. Crayon. 109,7 x 73,4 cm.
— Superman, 2001. Crayon, crayon de couleur. 109,7 x 73,4 cm.
— Crucifixion, 2003. Crayon, aquarelle. 109,7 x 73,4 cm.