Programme structuré, avec A Quiet Evening of Dance le chorégraphe américain William Forsythe livre un opus en deux actes et cinq segments. Faisant partie des chorégraphes contemporains les plus connus, à l’échelle mondiale, l’écriture de William Forsythe est presque une institution en soi. Imprégnée de ballet classique, sa danse en prolonge autant les articulations qu’elle les déconstruit. Pièce inscrite dans le temps, A Quiet Evening of Dance déroule ainsi ses fils de 1996 à aujourd’hui. L’Acte I présente Prologue, Catalogue, Epilogue et Dialogue (DUO2015). Un duo comme une horloge composée de deux danseurs — Brigel Gjoka et Riley Watts. Acte interprété par sept danseurs, six d’entre eux — Brigel Gjoka, Jill Johnson, Christopher Roman, Parvaneh Scharafali, Riley Watts et Ander Zabala — sont d’anciens interprètes de la Forsythe Company / Frankfurt Ballet. Le septième interprète, Rauf « Rubberlegz » Yasit, vient du b-boying et du break.
A Quiet Evening of Dance de William Forsythe : une pièce en deux actes
Car A Quiet Evening of Dance est aussi un moment de rencontre. Entre ballet et hip-hop, les registres de danse, leurs structures, grammaires et vocabulaires, s’y frottent et échangent. Parlant de Catalogue (Second Edition) (2017), William Forsythe explique : « Cela s’appuie sur l’idée que le ballet est un exercice qui sert à plier et déplier les membres ». Ajoutant plus loin qu’ « il s’agit d’un croquis mécanique des origines du ballet. Cela montre le fonctionnement du ballet et celui du contrepoids en lien avec le corps ». Duo silencieux (par Jill Johnson et Christopher Roman), Catalogue est dévolu à l’architecture de ce langage. Là où Epilogue, sur une musique de Morton Feldman, réunit cinq danseurs dont Rauf « RubberLegz » Yasit. Abordant break et classique par la structure, William Forsythe note ainsi que « Le ballet et le hip hop sont liés par une grille tridimensionnelle et géométriquement normative ».
L’actualisation du ballet classique : la rencontre entre Belle danse et Break dance
Pour William Forsythe, ballet et hip-hop « sont très spécifiques, avec des styles extrêmement techniques, organisés autour d’une matrice ». Et c’est de cette double singularité que vient l’idée de l’Acte II. Soit la réunion de la Belle danse — danses de cour de Louis XIV — et de la Break dance pour Seventeen / Twenty One. Concentrant toute l’attention sur le mouvement, le rythme, A Quiet Evening of Dance ne garde ainsi que l’essentiel. Décor réduit au minimum… Costumes ordinaires (casual), hormis, éventuellement, de longs gants colorés venant souligner la gestuelle des bras… La précision de la danse occupe toute la place. Plus encore dans sa coïncidence avec la musique, lorsque présente. Soit Morton Feldman pour Epilogue, Thom Willems pour Dialogue (DUO215), et Jean-Philippe Rameau pour Seventeen / Twenty One. Ensemble complexe, A Quiet Evening of Dance actualise ainsi le ballet en défiant plusieurs registres artistiques.
Itinéraire du spectacle (non exhaustif) :
– Théâtre du Châtelet (Paris), dans le cadre du Festival d’Automne à Paris 2019, du 4 au 10 novembre 2019.
– Opéra Comédie (Montpellier), dans le cadre du festival Montpellier Danse 2019, du 2 au 5 juillet 2019.