L’exposition « Sculpter (faire à l’atelier) » organisée conjointement par le Musée des beaux-arts de Rennes, le Fonds régional d’art contemporain Bretagne et La Criée, centre d’art contemporain de Rennes, retrace l’histoire de la sculpture française depuis les années 1980 à travers les œuvres d’une soixantaine d’artistes.
L’atelier est le lieu du faire et du savoir-faire mais aussi de la pensée et de la recherche
Les œuvres de vingt-huit artistes sont présentées au Frac Bretagne, selon un parcours qui vise à n’imposer aucune séparation entre les époques, les techniques ou les styles. L’exposition explore la sculpture en se concentrant sur l’acte créatif et la fabrication qui se déroulent au sein de l’atelier d’artiste, dans toute leur pluralité. On découvre ainsi plusieurs modes de « faire ».
Le « faire » est synonyme de savoir-faire chez les artistes qui prennent entièrement en charge la réalisation de leur œuvre en ayant recours à une technique traditionnelle ou artisanale. Il est au contraire délégué à des acteurs issus de domaines non artistiques, scientifiques, chez ceux qui envisagent l’atelier surtout comme lieu de pensée, de recherche et d’expérimentation sur les matériaux.
Sculpter (faire à l’atelier): d’Etienne Bossut et Wilfrid Almendra à Lilian Bourgeat et Eva Taulois
La grande sculpture intitulée Laocoon d’Etienne Bossut se compose de moulages en résine du fauteuil Orgone de Marc Newson encastrés à la manière de pièces de Légo géantes pour former une sorte de créature monstrueuse, enroulée sur elle-même et hérissée de pointes menaçantes. Etienne Bossut parvient ainsi à métamorphoser ou à réduire à des formes abstraites des objets manufacturés.
L’œuvre Grand Opus, réalisée en 2009 par le jeune créateur Wilfrid Almendra, s’inscrit dans sa démarche de matérialisation de l’habitat à travers les matériaux qui le constitue. Ici, des dalles d’ardoise brutes juxtaposées forment un plan incliné dans lequel un trou creusé accueille une plante grasse. A travers des compositions éclatées faites de matières premières comme le béton, le lambris, la pierre de lave ou le verre, Wilfrid Almendra évoque la création architecturale, entre savoir-faire techniques et bricolage improvisé.
Avec la pièce intitulée Double nÅ“uds, Lilian Bourgeat propose une version surdimensionnée d’une corde à nÅ“uds rouge. S’étalant sur le sol, cet objet du quotidien perd ainsi toute utilité et se détache de son usage habituel pour ne devenir qu’une entité esthétique. Une démarche à laquelle semble répondre celle qui est à l’œuvre dans la sculpture Les sangles bleues d’Eva Taulois où les objets issus de l’architecture et de l’industrie se fondent dans des motifs issus de l’abstraction géométrique minimaliste.