Communiqué de presse
Wifredo Lam
Wifredo Lam
Le musée des Beaux-arts de Nantes présente la première grande rétrospective de Wifredo Lam en France depuis celle organisée en 1983 au musée d’art moderne de la Ville de Paris, après la mort du peintre.
Cette exposition permet de présenter l’ensemble du parcours de Wifredo Lam: les grandes périodes de sa création ainsi que les différentes techniques qu’il a pratiquées: peintures, illustrations, dessins et céramiques.
Une soixantaine d’oeuvres issues de collections privées et publiques européennes sont pour l’occasion rassemblées. Cette exposition est réalisée avec le concours du fils de l’artiste, Eskil Lam.
Né à Sagua la Grande sur l’île de Cuba, d’un père chinois et d’une mère d’ascendance africano-hispanique, Wifredo Lam a fait de son métissage culturel la ligne directrice d’une oeuvre originale et très personnelle.
Wifredo Lam fait en Europe des rencontres décisives. C’est à Barcelone en 1928, où il est venu poursuivre des études artistiques, commencées à La Havane, qu’il voit pour la première fois des sculptures africaines. En Espagne également, il découvre le patrimoine européen Bosch, Brueghel l’ancien, Le Greco.
En France il noue des relations fortes avec la création contemporaine, Picasso, les surréalistes. Ses rencontres avec les poètes André Breton mais surtout avec Aimé Césaire, chantre de la négritude, le révèleront à ses origines africaines qui l’inspirèrent tout au long de sa carrière.
Wifredo Lam a vécu en France de 1938 à 1941, puis de 1952 à sa mort, en effectuant de fréquents séjours dans son île natale. Les échanges permanents qu’il entretient entre la Caraïbe (Cuba, Haïti) et l’Europe, de même que sa complicité avec l’avant-garde européenne ont permis à Wifredo Lam de construire une esthétique riche d’influences multiples.
Ses tableaux peuplés de créatures hybrides, envahis d’enchevêtrements végétaux, de déesses, de femmes–cheval portent des titres évocateurs de divinités afro-cubaines: Ana mu, Malembo, Elegua…
Ailleurs hommes et forêt tropicale se confondent dans d’étranges paysages Jungle (1942-44), Lumière de la forêt (1942). Plus tard des déformations animales et humaines rappelleront la douleur des deuils personnels et la violence des évènements vécus en Espagne notamment. Mais au-delà Wifredo Lam convoque des réminiscences parfois enfouies comme un patrimoine archaïque.
Sans doute les figures violentes et tragiques, ou encore les signes, les thèmes récurrents dont la maternité que Wifredo Lam met en scène, ont-ils été inspirés par l’art océanien ou sont-ils issus de quelque bestiaire rituel haïtien ou encore de la Cabale.
De même il est évident que les surréalistes qui découvrent l’art dit primitif et explorent de nouvelles pratiques d’introspection, comme sa proximité avec Picasso ont joué des rôles importants dans l’élaboration de ses oeuvres.
Cependant la force de Wifredo Lam est d’intégrer et créer tel un alchimiste doublé d’un passeur, un nouveau langage pictural, riche de plusieurs héritages et affranchi de ses antécédents.
De Composition1 (1930) à Personnage à la main (1975): l’exposition avec quelque soixante oeuvres montre le parcours de ce peintre poète. De manière chronologique sera montrée une large sélection d’oeuvres: de premiers travaux assez académiques, des illustrations d’ouvrages de ses amis poètes, de toiles de la très productive période des années 1940, de céramiques qu’il réalise à partir des années 1950.
Cette exposition permettra de découvrir avec un nouveau regard la carrière de Wifredo Lam, d’affirmer sa contribution unique à l’histoire de l’art du XXe. Il fut en effet un des initiateurs, avant le déferlement de la mondialisation de l’interculturalité, du tissage-métissage artistique.