Communiqué de presse
Henri-Fred Techer
Wide Wide Space
Depuis l’exposition Le Vide de Klein, en 1958, nombreux sont les artistes à avoir exploité le potentiel esthétique et idéologique du White Cube. Prenant acte des mots que signa alors Albert Camus, «avec le vide, les pleins pouvoirs», Henri-Fred Técher aborde le lieu d’exposition comme le support tridimensionnel de ses interventions, et comme un «espace des possibles».
«Lorsque rien n’arrête notre regard, notre regard porte très loin. Mais s’il ne rencontre rien, il ne voit rien […]: l’espace, c’est ce qui arrête
le regard, ce sur quoi la vue bute» (Georges Pe
rec). Parce qu’elle associe forte présence et existence immatérielle, la lumière est l’outil que privilégie Henri-Fred Técher pour travailler avec et dans l’espace. Manipulant projections lasers et LEDs (diodes électroluminescentes), il découpe ou délimite le vide spatial, créant formes linéaires, dessins en 3D, et volumes aux contours incertains, faits d’une improbable matière.
Plus qu’à des phénomènes optiques particuliers proposés à la perception, comme on en trouve dans l’œuvre de James Turrell, ses pièces lumineuses s’apparentent à des représentations virtuelles projetées dans le réel ; elles prolongent l’héritage du minimalisme à l’ère de l’informatique.
Henri-Fred Técher perturbe les repères, parfois jusqu’à leur perte, à l’instar d’Ann Veronica Janssens, pour offrir une expérience, non de l’infini, mais de l’insaisissable. Et ce n’est pas le moindre des paradoxes de son travail, il investit le vide d’une nouvelle présence pour mieux l’ouvrir à l’inconnu. L’art comme un espace de libre pensée, dont l’étendue est bien celle de l’imagination.
Brigitte Aubry