Les premières Å“uvres significatives de Judy Chicago coïncident avec l’émergence du minimalisme, tendance qu’elle abandonne par la suite en faveur d’un art davantage en adéquation avec ses convictions féministes. À travers une sélection d’oeuvres et de documents, l’exposition «Why not Judy Chicago ?» retrace la longue carrière de l’artiste américaine, aujourd’hui âgée de 76 ans.
Pour comprendre pourquoi une des artistes vivantes les plus populaires des USA continue à être exclue de l’histoire de l’art officielle, le dispositif d’exposition se déploie à partir de trois axes essentiels du travail de Judy Chicago.
Tout d’abord les premières oeuvres que l’artiste produisit au milieu des années 1960, dans lesquelles elle commence à créer une iconographie qui dénonce le phallocentrisme régnant dans l’art. Dans les premières années de sa carrière, Judy Chicago combine sa production artistique avec des projets éducatifs pionniers tels que les Feminist Art Programs de Fresno State College ou de Cal Arts qui, dans un premier temps, n’étaient destinés qu’à des groupes de femmes et dont le principe de base était la prise de conscience féministe. Des projets qu’elle a continué à développer, en incluant ensuite des hommes, et qui constituent un deuxième axe dans son travail reconnu comme son modèle de méthodologie pédagogique féministe de l’art.
C’est au début des années 1970, alors que l’artiste est associée à divers projets artistiques collaboratifs, tels que la très célèbre Womanhouse, qu’elle développe son oeuvre la plus connue, The Dinner Party (1979-1981). Considérée comme la première Å“uvre féministe «épique», l’installation se compose de 39 tables à manger dressées, jointes l’une à l’autre et disposées en triangle, chaque table représentant une figure historique féminine, telles que Théodora, Aliénor d’Aquitaine ou Virginia Woolf. A travers cette Å“uvre majeure Judy Garland met en avant sa préoccupation pour l’Histoire comme discours ayant effacé les femmes. Elle s’attache en général dans sa création à remettre en question toutes connaissances héritées du passé qui perpétuent la domination masculine.
L’Histoire comme instrument de transformation sociale devient le troisième axe de la pratique de Judy Chicago et structure à son tour les projets des années suivantes comme : The Birth Project, Power Plays ou The Holocaust Project.