Franck Scurti
Who ? What ? Why ? How ? When ? Where ?
Pour sa troisième exposition personnelle à la galerie, Franck Scurti a créé une identité visuelle propre. Il a tout d’abord re-dessiné l’ensemble des outils de communication de la galerie, du carton d’invitation à la publicité.
Dans ces nouveaux travaux, l’artiste reconsidère les différences entre les notions de création et de production. Il réévalue les « loisirs créatifs », conventionnellement associés au «temps libre» pour souligner l’écart existant entre le geste artistique et l’idéologie du projet en art.
À la sobriété esthétique de certaines œuvres de l’exposition, correspondent le bricolage et la pauvreté des moyens utilisés pour les réaliser. Ainsi, l’œuvre intitulée De l’origine du monde à nos jours est composée d’une vingtaine de dessins dont les noix sont le dénominateur commun.
Dans un souci d’économie et d’autonomie, Franck Scurti développe son activité quotidiennement, à l’occasion, et refuse tout effet de signature au profit d’une liberté d’usage des signes.
Planning est une page d’agenda reproduite sur une planche de bois. Les points en feutrine, disposés sur sa surface semblent évoquer d’hypothétiques rendez-vous, alors qu’en fait, ils se situent sur les nervures du bois.
Les trois lampes, nommées respectivement Lampe du 3 Janvier au 18 avril, Lampe du 20 avril, Lampe du 8 mai sont fabriquées avec des sapins trouvés dans la rue après les fêtes de Noël 2004. «J’ai trouvé un sapin dans la rue, puis j’ai installé un papier kraft au mur et chaque fois que je recevais un visiteur chez moi je lui demandais d’y ajouter quelque chose, un dessin ou de signer, ensuite, lorsque la surface a été remplie, j’en ai fait un abat-jour. Puis, j’ai trouvé un autre sapin quelque temps après et là , j’ai organisé une fête…».
Les Graphique Poétique reprennent jusqu’à l’absurde l’un des schémas caractéristiques de l’économie contemporaine : le graphique boursier. Dans ces œuvres, la courbe graphique laisse place à la ligne aléatoire d’une branche d’arbre (l’on peut imaginer que chaque « graphique » renvoie aux branches coupées du sapin, qui elles-mêmes renvoient à tous les noms biffés sur l’abat-jour).
Fifties/ Fifties, la sixième pomme présente une pomme coupée en deux parties équitables et réalisée en papier d’aluminium. Il utilise la (moitié) de pomme (représentation mythique du pêché) et l’aluminium pour évoquer les notions d’avidité dans le phénomène de croissance économique ou de croissance économique, comme objectif en tant que tel, permettant l’accès au paradis .
Ainsi, les travaux montrés dans l’exposition passent de «l’économie de l’esthétique» (dessins avec les noix et graphiques boursiers) à «l’esthétique de l’économie» (série de peintures intitulée «Shoes price » ). Cette dernière série illustre une des conséquences possibles de ces échanges : ce projet, conçu à l’origine pour « Nuit Blanche » à Paris, n’a pu être réalisé pour des raisons budgétaires. En effet, l’artiste proposait de placer des oiseaux exotiques (oiseaux originaires des pays de la délocalisation) dans un magasin de chaussures abandonné pour cause de faillite. Ce travail exprime aussi l’idée que l’œuvre d’art déterminée par la démarche artistique ne peut s’affranchir de la perception sensible du spectateur, ni de la réalité sociale.