L’exposition « White Spirit » à la galerie AL/MA, à Montpellier, présente les dessins, photographies et sculptures de cinq artistes contemporains autour des divers sens que revêtent les mots « white spirit ».
« White Spirit » : le blanc, champ libre pour l’esprit
Le titre de l’exposition, « White Spirit », fait allusion au célèbre diluant que l’on associe souvent à l’utilisation de la peinture. Autour de son nom se déploie une multiplicité de sens et de références qu’explorent les œuvres de Tjeerd Alkema, Jean-Baptiste Caron, Luca Gilli, Eric Manigaud et Arnaud Vasseux. Alors que le diluant appelé white spirit n’est pas blanc mais incolore, le blanc est quant à lui une absence de couleur provoquée par une forte luminosité. Le blanc (white) est ainsi un support neutre sur lequel l’esprit (spirit) peut librement se manifester.
La notion d’esprit est directement explorée dans le dessin intitulé Stanislawa P. d’Eric Manigaud. Réalisé en 2012 aux crayons et à la poudre graphite sur papier, il reproduit un cliché pris le 5 janvier 1913 par Albert Von Schrenck-Notzing, sur lequel on discerne la médium Stanislawa P. dont la bouche semble rejeter de la fumée ou ce que l’on pourrait interpréter comme une entité fantomatique. A travers son geste, Eric Manigaud amorce une réflexion sur la trace photographique mais surtout sur les mécanismes de croyance qui étaient à l’œuvre dans les expériences de photographie spirite.
Des sculptures d’Arnaud Vasseux aux photographies de Luca Gilli
La sculpture Dans la mesure du saisissable de Jean-Baptiste Caron renvoie au titre de l’exposition par le biais de l’étymologie. En effet, le mot « esprit » a pour racine le mot latin « spiritus » qui signifie « souffle ». Fondée sur un vocabulaire plastique minimal, la sculpture de Jean-Baptiste Caron fige dans un bloc de cire blanche accroché au mur l’empreinte d’un violent courant d’air. La petite sculpture d’Arnaud Vasseux intitulée Creux fige elle aussi une trace : celle du temps. Il s’agit d’une masse de calcaire pétrifiée entre ses mains et laissée ensuite telle quelle, sans apport chromatique.
Les photographies de Luca Gilli mettent directement en jeu le blanc dont il est question dans « White Spirit », cette absence de teinte dominante provoquée par une impression de forte luminosité. Luca Gilli exploite en effet la surexposition, c’est à dire la luminosité excessive qui « brûle » l’image, dans ses photographies de lieux inhabités tels que des chantiers, des bureaux ou espaces résidentiels contemporains standardisés. La surexposition y dévoile de multiples textures de blanc et déforme la perception traditionnelle de l’espace.