ART | CRITIQUE

White not !

Pg_Mep16HerbRitts04bStephanie
@12 Jan 2008

Aborder la question du décoratif, avec l’acrylique pour matériau. Non pas interroger «ce que l’on peut peindre », mais décliner quelques unes des pratiques picturales : la peinture-objet, le dispositif pictural ou l’environnement.

Pour sa dernière proposition en tant que commissaire invité à l’espace Mira Phalaina, Claire Le Restif, réunit trois artistes qui ont en commun d’utiliser l’acrylique et d’aborder la question du décoratif.
La galerie, qui a pour l’occasion été entièrement décloisonnée, s’ouvre sur un véritable environnement dont la cohérence traduit une forte connivence entre les artistes.

À droite de l’entrée, David Renaud a disposé au sol un tapis-moquette rond d’un rouge presque bordeaux, percé d’un large trou, sur lequel est posée une plante verte, une sanseveria, aux longues tiges élancées. Un petit tas de morceaux de moquette achève la composition de cette ikebana (art japonais d’arranger les fleurs) de salon occidental et grunge.
La deuxième œuvre de David Renaud occupe le centre de la galerie. Cinq plateformes circulaires aux motifs psychédéliques d’un vert acide, peints à la main, se déploient sur le sol en tournant sur elles-mêmes.
Le traditionnel tableau est ici manifestement battu en brèche par ces panneaux concentriques qui rappellent moins la peinture que les décors de boite de nuit. En outre, l’objet solitaire et vertical qu’est le tableau fait ici place à ensemble qui prend l’allure d’un « dispositif pictural ».

Cette remise en cause de la forme-tableau se retrouve, mais différemment, chez Emmanuelle Villard dont les œuvres occupent trois murs de la galerie. Accrochées de façon traditionnelle, elles ont un aspect boursouflé, plié, gonflé qui les apparente davantage à des objets qu’à des tableaux. Leur surface lisse et charnelle, aux couleurs crémeuses, donne envie de les toucher, tout en suscitant le mystère et l’inquiétude.

Quant à Christophe Cuzin, il dispose tout autour de la galerie des toiles tendues sur des châssis, depuis le sol jusqu’à une hauteur de 70 cm. Le dispositif épouse fidèlement tous les accidents du mur : des découpes permettent l’accès aux prises électriques, les décrochements et même le présentoir de l’accueil sont pris en compte. Chaque segment de toile est un monochrome de couleur différente, peint au rouleau, sans aucune facture.
Cette démarche in situ dans laquelle la couleur est mise en relation avec les singularités du lieu est constante chez Cuzin. L’exposition présente le travail qu’il a effectué dans l’Église Saint-Martin de Lognes (avril 2000), à la suite d’une commande publique.

L’exposition White Not ! n’interroge pas « ce que l’on peut peindre aujourd’hui ? », mais décline quelques unes des pratiques picturales : la peinture-objet, le dispositif pictural ou l’environnement.

Emmanuelle Villard
— Le Bouquet, 2002. Technique mixte.
— Sans titre, 2002. Technique mixte.

Christophe Cuzin
— 1010021, 2002. Acrylique sur toile. 0,70 x 35 m.

David Renaud
— Sans titre, 1998. 5 éléments. Acrylique sur bois, moteur électrique, câble. Ø 65 cm.
— Sans titre (Ikebana), 1992-2002. Sansevaria, moquette. Ø 4 m.

AUTRES EVENEMENTS ART