Communiqué de presse
Ayse Erkmen, Dagmar Heppner, Anna Kolodziejska, Delphine Reist et Kilian Rüthemann
What else ?
Une forme de non-exposition
Il y avait déjà l’art minimal, l’art conceptuel, l’arte povera, la mort de l’art, etc. Quoi d’autre ? Quoi de plus ? What Else ? L’art contemporain ? Peut-être. Tout dépend du sens que chacun souhaite attribuer à cette association des mots « art » et « contemporain ».
Sachant que les racines du présent, les codes et récits qui composent notre actualité font aujourd’hui l’objet de quantité de réappropriations, réévaluations et retraitements, l’exposition « What Else ? » réunit cinq artistes animés par une égale volonté de « désacraliser » et l’objet d’art et l’objet de l’art.
Sachant que la tendance est aujourd’hui à la sobriété, à la simplicité, au dépouillement, au minimal, l’exposition « What Else ? » se propose d’explorer une fois de plus l’idée du Less is More, d’interroger l’actualité des modes de production et de monstration de cette idée jusqu’à l’esquisse d’une forme de non-exposition, jusqu’à pousser le visiteur à douter de ses critères et de ses repères esthétiques et à se poser des questions telles que : où est l’exposition ? où sont les oeuvres ? comment savoir si c’est de l’art ou pas ? de quel présent, de quel récit, de quelles histoires de l’art ces oeuvres et leurs auteurs sont-ils contemporains ?
Avec un art feeling plutôt sous-culturel, plus punk que glamour, les artistes invités répondent à ces questions de manière singulière. Les stores Ayse Erkmen, les foulards de Dagmar Heppner et le tableau noir d’Anna Kolodziejska se présentent ainsi comme de nouveaux épisodes dans la série des monochromes dont Malévitch demeure le super-héros.
Le titre Nymphéas attribué aux sièges derviches de Delphine Reist fait référence évidemment à la peinture homonyme de Monet. Quant à la vitrine Pleine empruntée par Kilian Rüthemann au Kunstmuseum de Bâle, elle nous renvoie à celle qui se trouvait dans la galerie Iris Clert lorsqu’Yves Klein signa l’exposition dite Le Vide (1958), avant que son ami Arman lui envoie la réplique, toujours chez Iris Clert, avec une exposition cette fois intitulée Le Plein (1959).
Au-delà de l’attention particulière qu’ils portent aux spécificités esthétiques, sociales et/ou architecturales de l’espace d’exposition, qu’ils modifient de manière radicale mais non spectaculaire, les artistes invités ont en commun une prédilection certaine pour des matériaux et objets ordinaires, banals, usuels : rubans, foulards, tapis, sièges, stores, vitrine, ventilateur, parpaing, néon…
Prenant à contre-pied la logique de production d’oeuvres durables, l’exposition « What Else ? » propose des pièces plutôt anodines, plus
précaires que povera : colonnes enrubannées et stores vénitiens pour Ayse Erkmen ; fissures murales pour Kilian Rüthemann ; équerre blanche sur fond blanc pour Anna Kolodziejska ; néons s’abattant comme la foudre jusqu’à ce que l’image vidéo signée Delphine Reist disparaisse faute de lumière ; fausses cloisons galbées par Dagmar Heppner, histoire de casser le côté (white) cube du centre d’art.
Dagmar Heppner investit le parc Montessuit avec quatre sculptures minimales et mobiles, quatre coins de murs en parpaings bruts montés sur roulettes, moitié skate-board moitié paravent punk. Le parc Montessuit étant tout sauf « nature », plutôt dé-naturé, fait main, l’artiste amplifie ici son caractère manufacturé.
Mais il y a aussi quelque chose d’absurde dans l’idée de faire d’un mur un concept mobile. Même si vingt ans après la chute du mur de Berlin, d’autres murs séparent aujourd’hui encore d’autres peuples, d’autres cultures, Mexique et Usa, Palestine et Israël… Il y a tant de murs, comme disait Joseph Beuys.