Danseur et membre de la Batsheva Dance Company de Tel-Aviv, Hillel Kogan est assistant chorégraphe de Ohad Naharin au sein du Batsheva Ensemble, depuis 2005. Sous sa direction, il apprend à développer une technique de danse particulière et appelée « Gaga », consistant à être à l’écoute du corps et de ses émotions ; et c’est d’ailleurs une telle technique que We Love Arabs met pour partie en œuvre. Hillel Kogan sait aussi faire preuve d’indépendance et conduit ses propres projets chorégraphiques qui conjuguent danse et théâtre. Parmi ces derniers, We Love Arabs a été créé en 2013 et connu un large accueil lors de sa présentation au festival d’Avignon en 2015.
We Love Arabs : naissance d’une pièce
We Love Arabs, qui traite des relations entre israéliens et palestiniens, semble être née de l’inquiétude ressentie par Hillel Kogan, et suscitée par le contexte social et politique israélien dans son ensemble. Danseur et chorégraphe, il estime ne pas pouvoir réagir à une telle question, qu’il a souhaité aborder avec humour sinon dérision.
We Love Arabs a d’abord été conçue comme une parodie de la vie politique, de ses préjugés, et de ces lieux communs, en soulignant notamment le rôle central joué par le racisme certes dans le conflit israélo-palestinien, mais dans la vie quotidienne. L’idée première d’Hillel Kogan fut d’abord de vouloir décrire « ce qu’est un mouvement arabe (…) et un mouvement juif » ; critiquer l’opposition trompeuse entre « deux façons de se déplacer : comme un arabe, comme un juif (…) un peu comme la théorie de la race, que je voulais appliquer à la danse. » We Love Arabs a finalement connu un changement de perspective, même si le thème du racisme est toujours présent. La pièce devait davantage s’attacher à caractériser la perception intime de l’arabe par le juif, la manière dont « l’Orient et l’Arabe sont vus, perçus, à travers les yeux de la personne occidentale, en particulier le blanc, Israélien juif et de gauche. » Ce faisant, Hillel Kogan n’hésite pas à s’affirmer engagé dans la vie de la cité et revendiquer une position toute personnelle.
We Love Arabs
Le contexte du spectacle est celui d’une répétition, où un chorégraphe, Hillel Kogan, veut créer une pièce. Pour lui, la scène n’est autre qu’un territoire qu’il convient de s’approprier. Mais il comprend qu’il doit malheureusement partager ce dernier avec un danseur arabe, Adi Boutros. Commence alors la création conflictuelle d’un spectacle que le chorégraphe israélien n’hésite pas à imposer à son partenaire de peine qui doit d’abord se taire. Mais ce mutisme initial et forcé va disparaître et laisser place à une suite ininterrompue de confrontations dansées exprimant l’ambivalence des relations entre les communautés juives et palestiniennes.