Clémence Renaud
We have a situation
Clémence Renaud a effectué une résidence de trois mois à l’Ecole municipale des Beaux-Arts de Châteauroux, à la suite de laquelle elle présente une exposition intitulée «We have a situation». Ce titre, inspiré du langage militaire américain, et transposé ici dans le contexte d’une exposition, signifie: nous avons un problème. Une façon de nous introduire, non sans humour, dans le vif de ses préoccupations.
L’exposition est pour l’artiste un événement à part entière. Il engage une expérience sensible entre le spectateur, les oeuvres et l’espace, dont elle fait la matière même de ses installations. D’où certains leitmotivs, entre autres, interroger la place du socle et le statut du spectateur dans l’exposition. Prétextes à de nombreux récits d’où émergent des situations insolites.
Sa démarche artistique fait appel à des outils liés à l’expression du temps en mouvement—le son et la vidéo—qu’elle développe dans des installations où interviennent aussi la sculpture et le dessin. Son approche des arts visuels s’appuie sur une connaissance théorique et pratique de la musique qui l’a sensibilisée à la notion d’interprétation. Questionnement qui n’aura de cesse de traverser bon nombre de ses pièces.
Pour son exposition, elle a choisi comme point d’exploration, la figure de séduction, en s’inspirant du thème du jazz let’s fall in love, du kama sutra ou encore des schémas de drague dans les lieux publics. Elle présente ainsi un ensemble d’oeuvres—une vidéo, des dessins et des cibles sonores—qui composent un univers instable de son, de voix et de figures et n’ont de cesse de déplacer les limites communément attribuées au statut de spectateur, d’auditeur ou d’interprète.
«Je pense au spectateur, je pense au moment de sa présence, sans qui ni sans quoi il n’y aurait d’évènement. Et je cherche à comprendre sa place. Je cherche des formes de prise de conscience, en mêlant de l’humain fragile et inquiet et de l’humour avec des objets qui alors, ne semblent plus être à leur place. Je cherche cette rencontre importante entre l’oeuvre et le spectateur, invisible, indicible, par des détours et des chemins qui à distance forment de petites poésies et où le regard et l’objet se trouvent en équilibre.
Si l’on veut bien prendre le temps de voir, ces choses qui facilement nous échappent.
J’essaie alors de créer une attention particulière, avec le temps du sonore, de la parole ou de la voix, sans chercher à cacher les objets qui le permettent, les haut-parleurs. Laissant visibles les fils conducteurs d’électricité, afin que cela puisse, au hasard d’une boucle et du passage d’un spectateur, faire apparaître une étincelle.»