Depuis plus de dix ans, les chercheurs Gergely Barki et Zoltán Rockenbauer travaillent à reconstituer l’histoire, encore trop méconnue, du cubisme hongrois. Leur vaste entreprise donnera lieu, en 2023, à une exposition à la Galerie nationale de Budapest. Mais il faudra auparavant retrouver de nombreuses oeuvres produites, notamment en France, par la diaspora des artistes cubistes hongrois. L’exposition « Wanted / Lost & Found. À la recherche du cubisme hongrois perdu », vise à mobiliser les professionnels et le public français de la culture dans cette entreprise, tout en présentant les grandes oeuvres disponibles des cubistes hongrois.
Une histoire française du cubisme hongrois
Le cubisme est l’une des avant-gardes artistiques les plus influentes de la première moitié du XXe siècle. Paris, qui en était l’épicentre, a attiré alors les artistes modernes du monde entier, en particulier les peintres hongrois Alfréd Réth, Imre Szobotka et Árpád Késmárky, et les sculpteurs József Csáky et Sándor Bánszky. Rassemblés pour la plupart, avec d’autres artistes cubistes, autour de l’Académie La Palette, située sur le boulevard de Clichy à quelques mètres du Moulin-Rouge, ils ont créé, exposé et vendu leurs oeuvres en France, avant de s’intégrer dans la vie culturelle hongroise.
Mais la Première Guerre Mondiale a détruit ce groupe d’artistes cubistes hongrois – les uns envoyés au front, d’autres emprisonnés, et certains réfugiés à l’étranger. Des oeuvres ont ainsi disparu dans le tumulte de l’histoire ; certaines ont été saisies et vendues par l’État français, suite au Traité de Trianon.
Une chasse aux oeuvres d’art perdues
L’exposition de l’Institut culturel hongrois à Paris se divisera en deux volets. Dans le premier, « Wanted », les oeuvres d’art du cubisme hongrois encore portées disparues et activement recherchées seront présentées par des gravures, des photos ou des reproductions. Le second volet, « Lost & Found », proposera une sélection d’une vingtaine de tableaux, dessins et sculptures parmi la centaine de celles qui ont déjà été retrouvées par Gergely Barki. Ces oeuvres témoigneront de la qualité et des spécificités du cubisme hongrois.