Pavel Braila
Want
Yvon Lambert a le plaisir d’annoncer la deuxième exposition de Pavel Braila, « Want ». Pour cette occasion Pavel Braila présentera des oeuvres réalisées entre les années 2007 et 2008.
Le mot « Want », écrit dix fois, s’allume en dix étapes dynamiques et successives. A chacune de ces apparitions, « Want » s’agrandissant en taille, l’ampleur de son sens s’élargit. À l’étape ultime allumée, il est impossible de lire le mot même.
« Fear is shorter than fervour » (« La peur est plus courte que la ferveur »). Les deux oeuvres en néon s’adressent au désir et aux rêves inachevés de tenter quelque chose de nouveau, d’inconnu. En tandem avec les autres oeuvres de l’exposition, ces derniers vacillent également entre le rêve et la réalité. En regardant la géographie de ces oeuvres, on peut voir les reflets des problèmes sociopolitiques passés et présents de deux générations.
Ces deux oeuvres sont la continuation d’une série de performances que l’artiste a réalisée il y a quelques années – « Pioneer » (1997), « Recalling events » (2001), « Work » (2002) – où il avait employé des matériaux naturels élémentaires (du papier blanc et un paysage, un tableau et de la craie blanche, un sol noir et du papier blanc) et le physicalisme de son corps. Dans chacune de ces oeuvres, il avait l’intention de garder la neutralité et la « naturalité » d’une substance matérielle et de la mélanger avec un mouvement simple.
Avec cette simplicité, qui est l’expression de sa propre subjectivité, il suscite des questions et une série d’associations nouvelles, qui restent ambiguës malgré la brièveté et la simplicité de ce qui est montré. Dans « White promenade », l’artiste a décidé d’utiliser un champ couvert de neige vierge comme écran pour une projection nocturne.
Ainsi, il a projeté les silhouettes des arbres qui entouraient le champ, sur cet écran de neige où avait également lieu une performance. La projection est alors devenue une sorte de « cinéma en plein air ». Pénétrant l’écran, l’artiste a tracé un chemin rectangulaire à pied, de la périphérie vers le centre, détruisant la surface vierge tout en créant une nouvelle surface – déconstruire pour reconstruire. Filmée en plongé comme si l’écran était une toile, l’action est alors devenue un tableau dont le dynamisme s’achevait progressivement.
« The Plunge » est une autre manifestation de construire en déconstruisant. Dans cette oeuvre l’artiste emploie encore une fois le papier – « le plus ancien moyen de transmettre l’information ». J’aime beaucoup le papier comme matériel à travailler: il est léger, net, flexible, bruyant.
« The Plunge » commence aussi par une scène blanche (écran/toile) – le point zéro, un tas de 105 feuilles de papier blanc à 4 x 3 m. La caméra est placée au-dessus d’un acteur qui est allongé sur une surface blanche. L’action commence par l’exploration par celu-ci de la surface existante, constituée par des feuilles déchirées, serrées, et étirées les unes après les autres. L’espace est défiguré, transformé sans cesse. Ayant toujours hâte de saisir une autre feuille, l’acteur ne s’arrête jamais de continuer sa mission « search and destroy ».
La série de tableaux « Father’s Dreams » (« Rêves de père ») expriment les désirs du père de l’artiste, les espoirs qu’il investissait en son fils lors des différentes étapes de sa vie. Comme chaque parent, son père avait toujours beaucoup d’ambition pour lui, mais il n’a jamais cru que son fils travaillerait un jour dans le domaine de l’art. Une fois que ce dernier est devenu artiste, mon père a finalement accepté mon choix.
Mais le conflit de générations existe toujours et son père comprend rarement ce que fait son fils. Pour lui devenir artiste n’est pas une profession. « Quel genre d’artiste es-tu qui ne peut même pas peindre un portrait ? » Pour rapprocher ses rêves et sa profession « véridique », il a décidé de demander à un peintre de « réaliser » quelques rêves de mon père – qui prennent la forme de tableau, pour maintenir ainsi l’aspect artistique.
Ses rêves étaient les suivants: quand l’artiste était né, être cosmonaute. Quand il était mauvais élève à l’école élémentaire, être employé à la station-service ou horloger puis plus tard de devenir accordéoniste alors que sa soeur jouerait au violon comme leurs cousins aînés. Mais l’artiste est finalement devenu sportif et sa soeur n’a jamais exprimé un quelconque talent musical. Avant de commencer la Faculté, son père désirait que son fils
étudie l’agronomie pour devenir vinificateur. Mais une fois qu’il a eu son diplôme universitaire, il voulait qu’il devienne interprète ; et ainsi de suite…
« Cosmonaut »
L’artistes est né en URSS en 1971, dix ans après que Gagarin soit devenu le premier homme à voyager dans l’espace. C’était le début d’une ère nouvelle. La profession la plus populaire était celle du cosmonaute. Aussi au moment où l’artiste dormait encore dans un berceau et que son père était un jeune médecin et qu’il parlait à la radio de la recherche spatiale des soviets, ce dernier rêvait qu’un jour son fils devienne le premier cosmonaute
moldave. Même pendant ses années à l’école primaire il en rêvait.
« Refueller at a petrol station / Watch repairer »
L’artiste déclare ne pas avoir suscité des grands espoirs auprès son père quand il était à la dernière année de l’école élémentaire: « va trouver un boulot dans une station-service – ce n’est pas difficile comme profession et n’exige pas une formation spécifique. Une alternative est aussi de devenir réparateur d’horloges ». A cette époque, ces professions étaient mieux payées qu’un médecin. Après cette discussion, l’artiste a alors décidé de faire de son mieux pour entrer à la faculté.