PHOTO

Walter Benjamin et la forme plastique

Dans son dernier livre, Jean-Louis Déotte montre comment, à partir d’une approche originale de la technique, Walter Benjamin a pu aborder avec pertinence la photographie, la radio, et le cinéma, penser la forme plastique moderne sous l’aspect du montage par éléments constructifs, et jeter les bases d’une esthétique topologique.

Information

Présentation
Jean-Louis Déotte
Walter Benjamin et la forme plastique

Walter Benjamin est un penseur essentiel de la technique comme déploiement de la nature, c’est la raison pour laquelle il abordera la photographie, la radio, et le cinéma sans complexes.

Mais on doit distinguer chez lui deux époques de la technique et de la transmission, suivant le critère de l’événementialité: soit les choses n’ont lieu qu’une fois, c’est l’époque du don, de l’artisanat et des narrations. Ce qui arrive a de l’aura. Soit tout est reproductible, on peut toujours tout recommencer, c’est l’époque de l’industrie, de la masse et du jeu cinématographique, seules les traces comptent.

Or, c’est grâce à la lecture de l’historien de l’architecture Sigfried Giedion, en 1929, qu’il va découvrir l’architecture industrielle du XIXe siècle et ses prolongements modernes. Cette architecture apporte des solutions techniques nouvelles à des problèmes classiques parce qu’elle inaugure un autre mode de la forme.

Jusqu’ici la forme avait été pensée sous la dépendance de ce qui la nomme, le modèle était théologique. Dorénavant, la forme technique (la forme plastique) résout une difficulté architectonique, mais en plus s’impose au monde de l’art et de la littérature.En effet, la forme plastique érige en principe le montage par éléments constructifs. Les éléments d’un hall d’exposition ou d’un pont métallique sont immédiatement saisissables, exposables.

Transférer au monde du texte, cela implique qu’il n’y a pas à rechercher une vérité cachée. Il faut prendre les choses au pied de la lettre. Il en va de même pour la traduction.

Walter Benjamin a ainsi jeté les bases d’une esthétique topologique.

Jean-Louis Déotte est professeur de philosophie à l’Université Paris 8 Saint-Denis, responsable de thème de recherche à la Maison des sciences de l’homme Paris-Nord, et animateur de la revue en ligne .

Sommaire
— Walter Benjamin et l’inconscient constructif de Sigfried Giedion
— Lettre de Walter Benjamin à Sigfried Giedion du 15 février 1929
— Situation de Baudelaire dans l’exposé «Paris, capitale du XIXe siècle» de 1939
— La Ville appareillée
— Voir l’architecture du dedans
— La Question de la technique
— La Question du lieu
— La Ville poreuse