Conçu et mis en scène par Clément Debailleul et Raphaël Navarro, Wade in the Water nous fait traverser avec une grâce irréelle les différents états intérieurs d’un homme apprenant sa mort prochaine.
La Magie nouvelle
Instigateurs du mouvement de la Magie nouvelle, Clément Debailleul et Raphaël Navarro fondent seize ans auparavant la Compagnie 14:20. Ces amis de longue date et la trentaine de membres que compte aujourd’hui la compagnie, conduisent et réalisent de nombreux projets artistiques, spectacles ou des installations, en France et à l’étranger. Forte de son succès, la Compagnie 14:20 a collaboré avec diverses personnalités du monde de la mode, de la littérature, de la danse, et de la musique telles Jean-Paul Gauthier, Michel Butor, Philippe Decouflé, Laurence Equilbey, et le trompettiste Ibrahim Maalouf avec lequel ils collaborent une fois encore pour la musique originale de Wade in the Water.
Mouvement artistique qui ne cesse de se développer à travers le monde en combinant différentes pratiques, notamment la danse, le théâtre, et le cirque, la Magie nouvelle a pour objectif artistique premier de détourner la réalité et déséquilibrer les sens. Elle cherche à défaire notre perception habituelle du monde en rompant la continuité du temps dans ses différents spectacles. Il importe d’établir un lien étroit avec les spectateurs de telle sorte qu’ils s’identifient à ce qu’ils voient et fassent l’expérience d’une réalité incertaine.
Il n’est guère surprenant que soient alliées dans Wade in the Water magie et danse puisque toutes deux remettent en cause la situation du corps dans l’espace et son rapport au temps. Si la danse s’efforce de se libérer dans le mouvement de la pesanteur du corps, la magie peut offrir la possibilité de créer des chorégraphies affranchies de ces contraintes naturelles.
Wade in the Water ou la mort imaginée
 Ancien chant d’esclave qui dit la sujétion et la libération, Wade in the Water est d’abord le récit de l’avancée d’un homme vers la mort mise en scène au travers d’une succession de tableaux marquant les moments qui le conduisent inéluctablement à sa fin dernière. Du refus à l’acceptation de la mort, le spectacle nous introduit dans l’intimité du mourant et de ses diverses dispositions psychologiques.
Mais comment représenter ces dernières ? Comment représenter ce qui ne peut l’être ? Comment rendre visible ce néant qu’est la mort ? En recourant à différents moyens techniques tels le vol humain, l’hologramme, ou le jeu des lumières en temps réel, la magie crée des effets de réel susceptibles de nous faire comprendre le passage de la vie à la mort. Ces artifices dévoient la réalité commune pour tenter de faire partager l’inimaginable que traduit une chorégraphie partagée entre résignation et résistance.