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Vortex

15 Mar - 17 Mai 2008
Vernissage le 15 Mar 2008

Alkis Boutlis  expose les figures sombres de la mélancolie auréolées de lumière à la galerie Suzanne Tarasiève. La noirceur des figures mythologiques s’accompagne d’une pluralité de nuances qui ouvrent le champ de l’interprétation.

Communiqué de presse
Alkis Boutlis
Vortex

La galerie Suzanne Tarasiève présente la première exposition personnelle de l’artiste grec Alkis Boutlis. »Vortex » à été conçue à la manière d’un « album » de l’imaginaire -comme on le dirait d’un album de famille- mais d’une famille dont l’artiste dévoile peu à peu le caractère héréditaire commun, le gêne, la substance essentielle : la noirceur. Cette noirceur a fait céder sa rivale blanche, la feuille de papier, qui se réservait encore dans bon nombre des fonds des dessins de l’artiste. Les sujets des pièces eux-mêmes se sont pliés à l’« obscurité » du projet : vanité des corps enlacés, vanité des fleurs qui osent pousser dans la feuille, vanité des portraits à demi ravagés et frappés des signes de la mort, vanité trop brillante de la céramique, vanités des Moires qui décident du destin de l’artiste comme emmêlé de fils. Vanité encore des crânes, sexes, où l’on retrouve même Bacchus et Prométhée.

Élégante donc, et macabre série noire. Pleine des obsessions récurrentes de l’artiste, comme ce « That’s all folks » désabusé qu’Alkis Boutlis a décliné dans plusieurs de ses pièces, ou encore ces boules ou sphères, tantôt opaques tantôt transparentes, qui cachent des scènes érotiques hyper détaillées révélatrices de sa virtuosité de dessinateur, et qui font bien souvent penser aux miniatures baroques. Mais c’est certainement la référence aux figures mythologiques qui est la plus frappante dans cette nouvelle série de dessins : à celles évoquées plus haut, il faut ajouter des figures semblables aux Harpies (qui incarnent la dévastation et la vengeance divine), les évocations des Faunes, ou encore les points qui parsèment les oeuvres et qui ressemblent aux représentations antiques des constellations…

A la manière de rébus sophistiqués, chacun des dessins propose un lever de rideau sur l’univers fantasmatique de l’artiste où il apparaît lui-même régulièrement, sous forme de silhouettes ou d’ombres chinoises.

Mais au-delà des lectures que l’on voudra bien se forger devant cette série, il faut aussi observer le travail strictement plastique dans lequel l’artiste s’engage : abandonnant la couleur, c’est uniquement en travaillant les nuances de gris qu’il fait surgir cet effet de réel si particulier, maîtrisant toute les qualités « classiques » de la lumière, mais surtout, de l’ombre : ombre dont on sait, depuis Caravage, que c’est là le lieu des états irrésolus et des interprétations possibles.  

Gaël Charbau 

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