Mud office, Moussa Sarr
Voix Publiques
L’événement «Voix Publiques»:
Une dizaine d’artistes sont invités à créer des situations de parole publique dans les espaces extérieurs (jardin, parking, terrasse, trottoir, place…) de structures d’art contemporain membres du réseau BOTOX[S].
A la manière des Speaker’s Corner de Hyde Park à Londres, les artistes auront toute liberté pour apparaître en prédicateurs, poètes, savants, conteurs, théoriciens, pamphlétaires, philosophes, voire mimes…
La Station, membre du réseau BOTOX[S], présente:
— à 18h: Apparatus of cosmic flow, with snacks (Instruments de flot cosmique, avec encas), performance de The Mud office, collectif anglais composé des artistes Charlie Jeffery et Dan Robinson. Durée indéterminée et fantaisiste.
D’un point de vue entre mer et montagne, à La Station, ils fixeront L’Observatoire en haut de la colline tout en parlant, bougeant et façonnant des formes. Des activités, réalisées – peut-être; ou pas – dans la rue (se tenir sur une échelle, lancer des pistaches, manger une pizza calzone) pourront être vues de distances plus lointaines en utilisant des appareils télescopiques ou autres.
The Mud Office, créé par les artistes anglais Charlie Jeffery et Dan Robinson en 2005, se présente comme une organisation fictive entre bureaucratie et entreprise. Un manifeste et des règles définissent les objectifs et le fonctionnement de ce «bureau de la boue», tournant en dérision les pratiques sociales et organisationnelles des sociétés occidentales. Avec la boue, The Mud Office s’approprie un matériau dévalué qui constitue pour lui un composant organique élémentaire, à partir duquel il invente une économie organique. The Mud Office met en place des contextes de réflexion, des événements et des outils de communication autour de cette économie: cela produit des œuvres, des expositions, mais aussi des performances, des concerts ou bien encore des conférences informelles.
— Surprise éventuelle: performance de Moussa Sarr, artiste en résidence ponctuelle à la Station.
Moussa Sarr est pour le moins laconique quand il s’exprime sur son travail: «Très souvent, je joue avec ma propre image; il s’agit de devenir un cliché pour tordre le cou aux clichés.»
S’il est effectivement le sujet de ses photographies et de ses vidéos, l’artiste dépasse largement les problématiques généralement associées à la pratique de l’autoportrait (de l’autoreprésentation, de l’autofilmage, etc.) pour aborder un questionnement sur les stéréotypes et les préjugés raciaux, sociaux ou sexuels, l’exercice du pouvoir et les discriminations.
— A la nuit tombée: projection de 3 films extraits de 9 evenings, theatre and engeenering. Ces films documentent une série de performances ayant eu lieu au 69th Regiment Armory de New-York du 13 au 23 octobre 1966. Les performances combinent théâtre, scénographie, arts visuels, danse et musique.
Cette documentation filmique avait disparue depuis trente ans: la réalisatrice Barbro Schultz Lundestam l’a restaurée et remontée, puis l’a étoffée d’entretiens réalisés avec les protagonistes de cet événement historique.
Pour plus d’informations : http://www.9evenings.org/
Les films choisis sont (sous réserve de modifications et/ou d’ajouts):
Variations VII de John Cage
John Cage utilise ici des sons pris en direct pendant la performance. Dix lignes de téléphone, installées au 69th Regiment Armory, sont reliées à différents lieux dans New-York, comme la salle de presse du NY Times, une volière ou bien encore le studio de Merce Cunningham. Des micros aimantés fixés sur les téléphones alimentent les diverses sources sonores du système. Cage a aussi placé six microphones de contact sur l’estrade, et douze autres sur des robots ménagers (un mixer, un grille-pain, un ventilateur, etc). Il y a aussi 20 canaux de radio, 2 canaux de télévision et 2 compteurs Geiger. Cage capte également l’activité cérébrale d’un de ses collaborateurs sur le plateau, pour moduler l’amplitude des ondes sinusoïdales, ainsi que les bruits générés par les interprètes manipulant les objets. 30 cellules photoélectriques, ainsi que des lumières, sont disposées à hauteur des chevilles, tout autour de la scène où se tient la performance. Elles commandent les diverses sources de sons en fonction des mouvements des performers.
Kisses Sweeter Than Wine de Öyvind Fahlström
Dans cette performance, la peinture quitte l’emplacement du mur pour devenir tout à la fois théâtre, jeu et psychodrame. Falhström emploie un système de diffusion vidéo, des magnétophones et divers projecteurs (film, diapositives) pour fragmenter la représentation théâtrale. Il crée ainsi des effets scéniques grâce à la technologie autant qu’il en fait un enjeu thématique. La performance met en scène des personnages autistes capables d’effectuer simultanément plusieurs calculs mentaux comme, par exemple, le personnage de Jedadiah Buxton, un «idiot savant» qui pouvait multiplier de grands nombres dans sa tête (personnage joué ici par Robert Rauschenberg). Nous reconnaitrons également: l’effigie du président Lyndon Johnson, les manifestants de Mao-Hope, les témoignages d’un toxicomane, les protagonistes du film de science-fiction The Creation of The Humanoïds de Wesley Barry (1962). En accumulant des références à l’actualité, il formule également un commentaire ironique sur les liens entre la technologie et le domaine militaire, la guerre du Vietnam étant alors à son apogée.
Open Score de Robert Rauschenberg
Dans Open Score, le 1er mouvement consiste en un match de tennis. Devenues les objets emblématiques des 9 evenings, les raquettes de tennis sont munies d’un transmetteur radio FM spécialement conçu pour l’occasion. Il est monté dans le manche de chaque raquette. Chaque fois que la balle heurte le cordage de la raquette, un micro de contact capture le «bong», lequel est amplifié et diffusé par 12 haut-parleurs placés autour du 69th Regiment Armory. Chaque impact de balle éteint également et graduellement les projecteurs situés au plafond: le geste devient ainsi fonction d’un système technologique complexe. Lors du 2ème mouvement, dans l’obscurité complète, une foule de 500 personnes entre sur scène, filmée grâce à des caméras infrarouges, et ces images sont projetées sur 3 grands écrans visibles par le public. Chaque participant doit se mouvoir en respectant 10 directives déterminées par Rauschenberg. Ils passent ainsi d’une action à l’autre, en fonction d’indications mémorisées dont la séquence est indiquée grâce au va-et-vient de panneaux numérotés et des flashs lumineux. Pour le 3ème mouvement, Robert Rauschenberg porte Simone Forti dans un sac alors que cette dernière chante.
Vernissage
Le 15 septembre 2012 Ã 18h