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Voir le voir

Dans Voir le voir, John Berger nous invite à voir différemment des œuvres que tant de musées présentent comme des reliques sacrées en s’appuyant sur 160 reproductions de tableaux et d’images publicitaires. Cette relecture critique de notre héritage culturel a pour but d’amener le lecteur à questionner les images qui l’entourent au quotidien.

Information

Présentation
John Berger
Voir le voir

En 1971, John Berger imagine avec le producteur Michael Dibb la série Ways of seeing pour la chaîne de télévision de la BBC. Cette série rencontre à l’époque un grand succès. L’année suivante un livre du même nom, fruit d’une collaboration entre Berger, Dibb, Chris Fox, l’artiste Sven Blomberg et le graphiste Richard Hollis est publié. C’est bien la vision typographique d’une justesse irréfutable créée par ce dernier qui fera rentrer l’ouvrage dans la bibliothèque des designers.

En sept essais, John Berger rappelle les modalités de commande des peintures de la renaissance et démontre ainsi le pouvoir de la classe dominante. Il analyse la filiation entre ces modalités et le développement et l’omniprésence des codes de la publicité dans notre société capitaliste contemporaine. Il encourage ainsi le spectateur-lecteur à questionner les images qui l’entourent au quotidien.

En nous montrant comment voir différemment des tableaux que tant de musées présentent comme des reliques sacrées, John Berger nous invite à une réappropriation critique de notre héritage culturel. Il s’appuie sur près de 160 reproductions de tableaux et d’images publicitaires, et analyse le traitement du corps féminin dans l’histoire de l’art parallèlement à nos relations aux objets, au pouvoir et à la propriété.

Si la société s’est beaucoup modifiée depuis 1972 et l’écriture de ce texte, reflétant aujourd’hui plus largement les valeurs du modèle capitaliste qu’à l’époque, l’enjeu fondamentalement politique de Voir le voir reste cependant le même.

Cette version française de l’ouvrage, republiée en 2014, est un facsimile de l’édition originale anglaise parue en 1972. La traduction est une reprise de la version établie par Monique Triomphe pour les éditions Alain Moreau en 1976.

«Notre façon de voir dépend de ce que nous savons ou de ce que nous croyons. Lorsqu’au Moyen Âge les hommes croyaient à l’existence de l’Enfer, la vue du feu devait avoir pour eux une signification de celle qu’elle a actuellement. Il est certain que l’idée qu’ils avaient de l’Enfer était étroitement liée à la vue des flammes qui brûlent et qui réduisent en cendre, ainsi d’ailleurs qu’à l’épreuve de la douleur que provoquent les brûlures.
Dans l’état amoureux, la vue de l’être aimé procure une plénitude qu’aucune parole ni étreinte ne peuvent égaler: plénitude que seul l’acte d’amour peut temporairement exprimer.

Pourtant ce voir qui précède les mots, et que ceux-ci ne peuvent jamais entièrement recouvrir, n’est pas un problème de réaction mécanique à des stimuli. (On ne peut le considérer ainsi que si l’on isole dans cette petite partie du processus qui concerne la rétine de l’œil.) On ne voit que ce qu’on regarde. Regarder, c’est choisir. Et c’est par ce choix que ce que nous voyons apparaît dans notre champ sans être pour autant à portée de main. C’est le toucher qui nous situe par rapport aux choses. (Faites quelques pas les yeux fermés et vous vous rendrez compte à quel point toucher, c’est voir, quoique d’une façon moins mobile et moins vaste.) Ce n’est jamais sur un seul objet que se porte notre regard mais sur le rapport entre nous et les choses. La vision est une activité incessante, balayant le monde qui nous entoure en un cercle qui définit notre microcosme.»
John Berger

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