Communiqué de presse
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Virtual / Physical Bodies
body>data>space est un collectif anglo-saxon dont le travail à la fois de création et de prospection reste attentif aux formes artistiques émergentes capables de favoriser les passerelles entre le corps, les technologies et l’espace urbain. Confrontant ainsi leurs propres recherches à celles d’autres artistes, chercheurs ou encore designers, body>data>space est invité à poursuivre ses investigations autour de la question du corps virtuel et de l’espace public.
Au côté du centre des arts, cette collaboration propose d’envisager divers scénarios où le corps tour à tour filmé, imaginé, pixellisé, modélisé, animé, est mis en scène au sein d’environnements quotidiens réels – l’architecture et la ville, mais aussi les espaces d’exposition. Il est question par là même de comprendre les interactions et les enjeux que posent une telle cohabitation ou confrontation. Au fil d’installations et de dispositifs multimédia, ce nouveau volet de la programmation arts visuels du centre des arts intitulé «Virtual / Physical Bodies» se propose donc d’être une ouverture sur la question du corps entre présence, utopies et fantasmes.
D’emblée et dès l’entrée du centre des arts, l’exposition envahit les espaces en présentant une série de sphères gonflables intitulées Ideaspheres écrans de tailles variables qui jalonnent le parcours comme autant de repères sur lesquels sont projetés des images kaléidoscopiques du corps. Morcelé et chorégraphié, celui-ci devient à la fois le motif et le canevas d’une série de vidéos qui à la surface des ballons, retrouvent leur volume.
De même, on retrouve un peu plus loin, Somatapods, une installation dont le principe se décline sur deux lieux différents par le biais de la télé-présence. Les gestes du spectateur captés au sein d’une première installation seront ainsi retransmis simultanément dans un second espace, servant ainsi de toile de fond aux gestes d’un autre spectateur. De plus, ce système de télématique connecté à Internet, intègre aux images captées et en temps réel, des éléments de couleurs, de formes, de textures et d’architecture qui permettent une expression et une gestuelle nouvelles : le corps vient nourrir cette installation qui de par son principe génère à son tour de nouveaux déplacements et de nouveaux comportements.
Le jeudi 9 octobre, soir du vernissage, les artistes performers Delphine Gaborit et Sasha Spasic expérimenteront ce système afin d’en comprendre l’interactivité.
The Weave est une autre installation dont le principe de tissage (the weave en anglais) est de nature numérique et peut se lire comme la métaphore d’une connexion des idées, des personnes et des espaces entre eux. Photographies, vidéos et expérimentations d’un système de réseaux viennent constituer cette nouvelle proposition, reprenant par des jeux de lumières les fibres de textiles, des enfilements de perles ou encore certaines configurations spatiales moléculaires. Autant de rhizomes de natures diverses qui viennent illustrer les différents types de mises en connexions et le processus créatif qui peut en résulter.
Orla Ray est une projection murale conçue par Ivor Diosi. La projection d’un portrait ou plutôt d’une émergence lumineuse sortit directement d’un décor de jeu vidéo. Au milieu d’un décors monochrome apocalyptique, cette femme dont le buste passé aux ultraviolets rappelle la seule source de chaleur, la seule humanité possible dans un environnement saturé de gaz. Rappelant ainsi les questions d’actualité sur l’environnement, cet avatar est le dernier témoin d’un monde disparu faisant le lien avec le spectateur… par le biais de son seul regard. Un regard obsédant qui suit la présence d’un passant, le repère et le traque, renvoyant ainsi celui pris en chasse à sa propre condition d’observateur observé.
The Vitruvian World et Data_Shpere sont deux oeuvres conçues par Michael Takeo Magruder confrontant chaque fois les réalités virtuelles et physiques, révélant dans les deux cas leur étroite interaction. D’abord, le corps du spectateur est immergé dans l’environnement imaginaire de Second Life, faisant de l’artifice des nouvelles technologies une nouvelle réalité sociétale et culturelle. Le spectateur munit de télécommandes sélectionne sa vie rêvée, son monde et sa bulle et se promène dans un univers de simulation devenant ce lien entre les espaces d’exposition et le décors irréel /surréel de l’oeuvre. The Sphere quant à elle, reste plutôt une ouverture sur le monde et ses faits divers, absorbant, intégrant puis modifiant l’information internationale : chaque jour à minuit, les dernières nouvelles données sur Internet par la BBC sont ainsi captées puis samplées et accolées à une base de données visuelles qui vont se succéder en un rythme syncopé. Décontextualisant les évènements et créant de fait un phénomène d’«abstraction», cette technique n’est pas sans rappeler aussi les limites d’une société sur-connectées, sur-médiatisées menant aux écueils du zapping et du clip, là où la surabondance d’images perd son sens dès lors que l’offre devient infinie dans une société où le temps vient à manquer.
Alimentant ainsi un ensemble de réflexions autour du corps devenu désormais «ouvert» et pluriel, «Virtual / Physical Bodies» est bien l’occasion de voir comment, soumis à toutes ces technologies nouvelles, ce corps «nouvelle génération» évolue dans la réalité et le quotidien au travers de ces propositions mais aussi bien d’autres.
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