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Virtual fight et lymphatique

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@12 Jan 2008

Au travers d’un portrait croisé de deux champions de boxe sous forme d’un combat imaginaire tout en photo et vidéo, Damien Odoul poursuit son exploration du mythe du double, figure obsessionnelle qui traverse l’ensemble de son œuvre cinématographique, poétique et plastique. Un pugilat mobilisateur d’énergie physique sans effusion de sang ni même agressivité.

Triptyques photographiques et diptyque vidéographiques s’entrecroisent et s’entrelacent pour ne jamais se rejoindre dans le nouvel espace de la Galerie Kamel Mennour.
Initié à la boxe par son grand-père maternel qui fut champion dans les années 1920, Damien Odoul a lui-même pratiqué la lutte greco-romaine, discipline qu’il considère par ailleurs intimement lié à la vie elle-même, ce combat permanent.

Dans la première salle, au travers de deux portraits photographiques chacun séquencé en trois parties, il rend compte à coup de cadrages serrés et de flous savamment composés de deux boxes différentes, soit deux générations et deux mondes bien distincts.
D’un côté, Bénichou, 43 ans, torse et bras tatoués, trois fois champion d’Europe, enfant rebelle de la boxe au courage légendaire. De l’autre, Asloum, 28 ans, nouvelle coqueluche de la boxe française, médaille d’or aux JO, champion de France et d’Europe, actuellement en préparation d’un championnat du monde.
Frontaux, poings saisis dans leur élan révélant par la même occasion leurs « coups » spécifiques, Asloum et Bénichou se confrontent dans un instantané atemporel, comme arrêté. Le menu face à l’épais. La brute face au gracieux. Dans ce portrait en forme de Janus, les époques s’affrontent et ne se ressemblent pas. Authentique duel temporel.

Plus loin, l’agilité mobile prend place dans les deux vidéos, conçues de manière synchrones et symétriques, troublant dédoublement visuel. On retrouve nos deux boxeurs filmés tout d’abord en prise avec un sac de frappe, puis exécutant ensuite un shadow, exercice lors duquel le sportif travaille sa réactivité en anticipant sur ses propres mouvements devant le miroir.
De ce face à face destiné à affiner la technique avant le combat, se relaient instants narcissiques et minutes schizophrènes: le sportif devant son image, le boxeur devant son adversaire. Les bruits sont présents, témoignages sonores d’une différence de rythmes, d’une dissemblance de souffles, d’une variation d’échelles.
La bestialité de l’un rencontre le «stylisme» de l’autre et rappelle à certains égards les petites phrases assassines que Mohamed Ali lançait à Georges Foreman pendant le match qui les opposa à Kinshasa en 1974, alors qu’il était considéré comme battu jusqu’à un épique retournement de situation. N’est pas perdant celui que l’on croit. La boxe de Bénichou n’est plus…Vive la boxe.

Damien Odoul
— Affiche, 2007. 80x 120 cm
— Boxeur 1, Triptyque Fabrice Benichou, 2007. Photographies couleur contrecollées sur aluminium, 50 x 66 cm
— Boxeur 2, Triptyque Brahim Asloum, 2007. Photographies couleur contrecollées sur aluminium, 50 x 66 cm

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