L’Américain Virgil Abloh, designer et architecte de formation, dirige la section Homme chez Louis Vuitton, tout en étant le créateur d’une marque de streetwear, Off-White. En mode comme en design, il mêle un style urbain et hip-hop à l’univers du luxe. Sa dernière collection de mobilier intitulée Efflorescence puise ainsi son inspiration dans la culture populaire urbaine.
Efflorescence : un mobilier bétonné et tagué
La collection Efflorescence se compose de tables, d’assises, de consoles, de vases et de miroirs, tous faits de blocs de béton gris, percés de trous et recouverts de graffitis aux couleurs vives. Un banc de trois mètres de long, sobrement intitulé Bench 2, ressemble ainsi à une rampe de skate. L’utilisation d’un pareil matériau évoque immanquablement l’urbanité, mais pas n’importe laquelle : une urbanité laide et austère, en chantier ou à la marge des beaux quartiers, réappropriée par les tagueurs qui viennent en colorer la grisaille. Les Å“uvres font ainsi référence à la culture urbaine des jeunes de milieu modeste, en invoquant l’univers du hip-hop, du skate et des tags.
Efflorescence : une esthétique de la fleur sauvage
La poésie du mot « efflorescence » qui évoque l’abondance, la générosité et la luxuriance, désigne aussi un phénomène chimique de cristallisation qui affecte certains matériaux lorsque des minéraux ou végétaux s’immiscent à travers leurs interstices. On parle ainsi d’efflorescence du béton lorsqu’un dépôt blanchâtre affleure à sa surface. Les meubles de la collection apparaissent ainsi comme autant d’efflorescences de la culture de la rue au sein d’un univers où elle trouve difficilement d’écho : celui du luxe, du design, des galeries d’art. Cette rencontre inattendue génère un renouvellement des formes qui n’est pas sans étonner, voire provoquer. Pour Virgil Abloh, « il s’agit de concevoir un langage de subversion de la norme que le touriste comme le puriste peuvent tous les deux comprendre ».