ART | EXPO

Vinaigre

30 Oct - 04 Déc 2004
Vernissage le 30 Oct 2004

Art sensoriel et mental où la lumière devient un instrument de torture ou de séduction. Installation sonore pour perdre ses repères, où la voix diffusée inscrit des limites visibles et immatérielles. Vidéo compilant des images kaléidoscopiques en boucle.

Claude Lévêque
Vinaigre

Pour sa deuxième exposition personnelle à la galerie Yvon Lambert, Claude Lévêque présente dans la grande galerie Fantasy. Cette nouvelle installation fait en quelque sorte suite à Ende (2001), qui diffusait une voix dans une obscurité totale, où les limites du lieu étaient trahies par des matériaux chancelants. Pour Fantasy, la voix inscrit des limites à la fois visibles et immatérielles.

Claude Lévêque présentera également Asthma Attack au Studio, film vidéo inédit d’une compilation d’images kaléidoscopiques en boucle.

Ce qui caractérise le travail de Claude Lévêque depuis quelques années, c’est une forme absolument singulière d’art corporel, un art à la fois sensoriel et mental, où le corps n’est plus l’instrument ou le véhicule d’une forme mais son récepteur privilégié. On se souvient de son exposition «Herr Monde, Le Creux de l’enfer» (2000), où Claude Lévêque investit le lieu de feuilles d’inox froissées réfléchissant la lumière, dialoguant ainsi avec la richesse et la sévérité du contexte.

Élément présent dès l’origine de son travail (Grand Hôtel, 1982, Maison des arts de Créteil), Claude Lévêque a affiné l’utilisation de la lumière, agissant directement sur les repères sensoriels et comportementaux des visiteurs de ses expositions. Instrument de torture ou de séduction, la lumière influe sur les sens, sur la mémoire, à laquelle il faut ajouter le son, divers matériaux et un sens aiguisé du labyrinthe, de la circulation et de la perte des repères. Si son travail ne se définit pas systématiquement par rapport aux possibilités formelles d’un lieu, il l’investit de manière radicale, globale.

Claude Lévêque répugne à nommer « spectateur » celui qui fréquente ses expositions. Il préfère y substituer le mot « visiteur », autrement plus poétique. Une seule personne, à la vérité, traverse son œuvre : Elie, comme à la fois un garde-fou et un visiteur régulier, témoin d’une époque à venir que modèle ce travail qui n’a eu de cesse depuis vingt ans de pulvériser les normes pour éclairer l’altérité. Parce que cette activité n’est pour Claude Lévêque rien de moins qu’un projet politique, qu’il exprime ainsi : « Je pense que l’art contemporain peut provoquer un espace différent de redécouverte des choses, indépendant des obligations de consommation dictées par des médias avilissants, des politiciens corrompus et des marchands de jeux, de pavillons ou de bagnoles. »

Extraits du texte d’Éric Troncy, Claude Lévêque, Éditions Hazan, 2001.

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