Vik Muniz
Vik Muniz
Cette exposition regroupe trois séries récentes de Vik Muniz. Magicien de l’image, Vik Muniz se sert de matériaux improbables — fil à coudre, chocolat, caviar, ketchup, poussière, jouets, diamants, déchets — pour reconstruire des images qui appartiennent à notre mémoire visuelle collective. Ces images sont ensuite photographiées afin de renoncer aux originaux dont elles sont issues, et ainsi nous mettre face à une représentation illusoire.
Dans la série Pictures of Magazines, présentée à la galerie Xippas en 2012, Vik Muniz avait récréé des chefs d’œuvre du XIXe siècle à partir de papiers déchirés provenant de revues, de journaux et de bandes dessinées. Poursuivant sa recherche sur le recyclage de l’image, Vik Muniz a conçu les séries Album et Postcards from Nowhere. Puisant dans un fonds de photographies issues d’albums de famille que l’artiste collecte depuis des années, Vik Muniz crée un album commun. Son processus créatif consiste à déchirer les photographies en noir et blanc et à en utiliser les fragments pour recomposer des images que l’on retrouve dans tous les albums (photographies de mariage, d’école, de souvenirs de vacances en famille). Ces moments intimes acquièrent ainsi une dimension universelle.
Du souvenir individuel, Vik Muniz prolonge sa réflexion vers le souvenir collectif. Dans Postcards from Nowhere, l’artiste utilise des centaines de fragments de cartes postales d’un lieu pour en reconstruire la représentation la plus stéréotypée. Riches en symboles et informations concernant l’endroit reconstitué, ces éléments reprennent la structure de l’hypertexte permettant au spectateur de tisser son propre récit.
Imprégnées de nostalgie, Albums et Postcards from Nowhere évoquent la fragmentation de l’expérience visuelle contemporaine tout en illustrant la matérialité de la photographie. La démocratisation de la photo numérique a engendré la raréfaction des cartes postales de la même manière qu’elle a enlevé le caractère unique des clichés photographiques.
Fruit d’une collaboration entre l’artiste et Tal Danino, chercheur au MIT, Colonies, série inédite en France, illustre le potentiel plastique de nos propres cellules. Intrigué par la complexité et la diversité des formes que ces organismes peuvent prendre au cours de leur développement, l’artiste intervient dans la culture de bactéries et de virus pour créer des motifs. Des surfaces collantes, comme le collagène, servent de support aux bactéries et cellules qui s’y accrochent et se multiplient suivant un motif. Ce processus permet une visualisation concrète de l‘infiniment petit qui nous habite et modifie le rapport que nous avons à la bactérie et au virus. Ainsi, ces organismes qui a priori nous effraient, évoquent des formes abstraites, fascinantes, propres à la contemplation.
Vik Muniz est né en 1961 à Sao Paulo. Il quitte le Brésil en 1984 pour s’installer à New York. Il réalise d’abord des sculptures «Trompe l’œil» et à partir de 1988 commence à reproduire par le dessin des œuvres qu’il photographie ensuite.