Communiqué de presse
Guillaume Mathivet
VIII, 266-366
Parmi les longs voyages et périples relatés par Homère dans son Odyssée, il fut un jour où Ulysse, invité d’honneur du roi Alcinoos, s’extasia à l’écoute des récits de Démodocos, l’aède de la cour à qui la muse qu’il aimait fit bien comme mal, lui ayant ôté la vue pour lui accorder la grâce du chant.
Telle la voix de Démodocos déclamant les frasques amoureuses d’Aphrodite et de ses nombreux amants, divins ou mortels, l’exposition VIII, 266-366 de Guillaume Mathivet se déploie dans l’espace comme une ode à la féminité dénudée, sensuelle et érotique.
Dans cette série de peintures, Guillaume Mathivet oscille entre références classiques à l’histoire de l’art, à la littérature et une pratique plastique directement issue de codes urbains contemporains propres au Street art.
Il évoque une attitude contemporaine qui tend à développer des techniques d’effacement pour faire table rase des graffitis qui investissent l’espace urbain. En laissant partiellement apparaître des graffitis après qu’il les aient recouverts au moyen d’aplats colorés, Guillaume Mathivet crée des tensions révélatrices d’une dualité constante qui, comme il le signifie, symptomatise un phénomène de réaction souvent plus visible que l’action même de graffer.
L’oeuvre de Guillaume Mathivet se détermine sur ce terrain de contrastes. Les couches de peinture effacent le graffiti encore suggéré en quelques points de la toile. Guillaume procède d’un double geste de création/destruction qui participe systématiquement à l’élaboration de l’oeuvre et subsiste jusque dans l’achèvement du tableau.
La mixité du geste et de la forme définie provoque une dynamique qui anime les sujets pourtant représentés dans un temps de pose fixe caractéristique de la peinture classique et des statues antiques. Au travers d’un traitement énergique et enjoué, Guillaume Mathivet réactualise une histoire de l’art ancrée dans le passé, la rendant au présent sur un ton vivifiant qui sublime la femme moderne et l’érige en déesse.